La rencontre était prévue. Pas question ce matin de tenter une descente en force dans les magasins Leclerc et Jumbo de Saint-André. "Il ne s’agit pas d’une manif’", s’engage Jean-Hugues Ratenon, pourtant habitué des coups d’éclat.
A l’arrivée du collectif de l’ARCP, Pascal Thiaw Kine, président du groupe Leclerc Réunion, attendait de pied ferme Jean-Hugues Ratenon. L’échange est resté très cordial.
"Le rapport de l’Observatoire des prix du 20 mai a mis en lumière une augmentation en moyenne de 14,3% des prix du chariot-type de ce Leclerc (celui de Saint-André), raison pour laquelle nous sommes venus ici demander des explications", s’avance Jean-Hugues Ratenon face à Pascal Thiaw Kine.
Leclerc montre ses efforts depuis 2009
Ce dernier explique cet écart par des ruptures de stocks pénalisantes sur ces produits repères, très prisés des clients. En général, deux jours sont nécessaires au réapprovisionnement des rayons. Ce que confirme une cliente toute proche: "Je vois que les produits partent très vite". Pourtant, malgré ce mauvais point pour ce magasin "très ciblé", tente d’argumenter Pascal Thiaw Kine, son groupe veille à être le plus compétitif.
"Nous, à Leclerc, nous avons un monsieur prix qui réajuste les prix pour coller à la réalité", s’explique-t-il. Le président veut faire voir sa bonne volonté. "Depuis 2010 jusqu’à aujourd’hui, les magasins Leclerc ont en moyenne baissé leurs prix de 6%. Le chariot-type est ainsi passé de 108 euros à 100,78 euros".
Puisque toutes ces démonstrations ne suffisent pas, Pascal Thiaw Kine prend un exemple précis. "Voyez M. Ratenon, sur le chocolat noir Kholer, son prix est passé de 1,43 à 1,10 euros".
Une argumentation et une ouverture au dialogue qu’a semble-t-il apprécié le leader de l’ARCP. "Nous pouvons constater que dans les magasins Leclerc, il y a un suivi des prix Cospar" ,dit satisfait Jean-Hugues Ratenon. Mais deux points restent en suspend.
Le projet d’une carte d’achat pour les produits les plus nécessaires
Le premier concerne l’accord Cospar en lui-même. Un engagement qui n’a jusqu’alors pas été respecté. Jean-Hugues Ratenon en fait une lecture devant le patron de Leclerc. "Il est stipulé (feuille à la main, ndlr) que les parties concernées conviennent, qu’au-delà de la définition conjointe des produits et de la baisse des prix qui leur sera associée, une concertation élargie à l’ensemble des acteurs de la formation des prix sera conduite dans un deuxième temps". Un souhait resté lettre morte selon l’ARCP.
Enfin, "je souhaite que M. Thiaw Kine réponde à notre invitation d’une table ronde avec tous les acteurs de la grande distribution pour l’instauration d’une carte d’achat". Le but de cet outil : cibler les produits les plus nécessaires. Une requête acceptée sans coup férir par le représentant de Leclerc à la Réunion.
Sans plus tarder, une dizaine de membres de l’ARCP allaient poursuivre leur contrôle dans l’enseigne toute proche du Jumbo Score.