Bien qu’il ait publiquement affiché son soutien au Président de la République suite au concert de protestations mondial provoqué par les déclarations politiques sur les Roms, Bernard Kouchner avait laissé entendre qu’il désapprouvait la politique engagée par le gouvernement.
En effet, suite au rapport de l’ONU qui s’en prenait vivement à la politique française vis à vis des Roms, Kouchner avait déclaré « oui à la critique, non à la caricature et à l’amalgame » . Cependant, il avait ajouté « Je vous mentirais et je renierais mon engagement de toute une vie si je vous disais que cet éclat autour des Roms m’a fait plaisir. » .
Il a précisé cette vague déclaration au micro de RTL ce matin. Il aurait envisagé de quitter le gouvernement, au point de s’en ouvrir au Président Sarkozy, pour la première fois depuis qu’il y était entré. Il a finalement fait marche arrière quand il en est venu à considérer que sa démission n’aurait rien changé pour les Roms. Selon ses propres mots: « S’en aller, c’est déserter »
Il rejoint ainsi un groupe de plus en plus importants de personnalités de droite à s’opposer publiquement au récent virage sécuritaire de la majorité: Dominique de Villepin, Christine Boutin, le ministre centriste de la Défense Hervé Morin, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Rachida Dati, François Goulard…
Si les journaux évoquent la possibilité du remplacement de Bernard Kouchner lors du prochain remaniement, cette sortie du ministre sur une grande antenne montre cependant la déshérence du camp sarkozyste. Les candidats à son remplacement se font en effet de plus en plus rares et le nom le plus largement évoqué, celui d’Alain Juppé, ne satisfera l’Elysée qu’à moitié: l’ancien Premier ministre chiraquien a depuis plusieurs mois déjà divorcé du camp sarkozyste, n’hésitant pas à dire « n’avoir jamais cru à la rupture« , et fait partie des critiques les plus prolixes de la politique gouvernementale.