Le train de vie de Thierry Gaubert, poursuivi dans l’affaire Karachi, est passé au crible par les enquêteurs, qui s’interrogent notamment sur les dépenses en liquide de l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy pour entretenir sa propriété du Calvados. Au printemps, la brigade financière est allée en Normandie entendre une dizaine de témoins qui ont travaillé pour le couple Gaubert dans ce domaine de 7,5 ha acquis en 1987 sur les communes de Beaumont-en-Auge et Saint-Étienne-la-Thillaye, selon des dépositions.
Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à Neuilly (Hauts-de-Seine), puis au ministère du Budget, M. Gaubert est au coeur des soupçons de financement illicite de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur de 1995 grâce à de possibles rétrocommissions sur des contrats d’armement conclus en 1994. S’ils tentent de reconstituer les montages financiers en France et à l’étranger qui auraient permis ces détournements, les enquêteurs ont aussi obtenu de rechercher, en aval, d’éventuels faits de blanchiment ayant pu, pour partie, passer par des mouvements d’argent liquide.
Déjà poursuivi pour recel d’abus de biens sociaux et subornation de témoin, M. Gaubert a été mis en examen pour blanchiment le 15 mai 2012. Interrogé par l’AFP, le suspect avait alors estimé « absurde » qu’on l’accuse d’avoir dépensé des sommes qu’il affirme n’avoir « jamais reçues ». Cette nouvelle mise en examen avait été motivée par le juge Renaud Van Ruymbeke par des mouvements bancaires suspects de Suisse vers les Bahamas en 2001, ou vers la France en 2011. Le magistrat a entrepris de répertorier le patrimoine de M. Gaubert, telles sa résidence à Neuilly et sa propriété en Colombie. Il a mandaté la brigade financière pour scruter les dépenses courantes de M. Gaubert dans sa propriété normande, où les policiers ont accumulé les témoignages d’employés non déclarés ou rémunérés en liquide.
Me François Esclatine, l’avocat de M. Gaubert, a relativisé la portée de ces dépositions. « Les investigations poussées de la brigade financière ne montrent pas, selon moi, que mon client avait un train de vie qui dépassait ses revenus de l’époque », a-t-il estimé. Parmi ces employés, M. C, jardinier de 54 ans, entendu le 29 mars au commissariat de Deauville (Calvados), a affirmé aux policiers avoir travaillé à plein temps pendant trois ans à partir de 1997 dans la propriété, où il a créé « un jardin à l’anglaise pour Mme Gaubert ». « J’étais payé environ 3 000 francs que M. Gaubert me donnait en liquide », a-t-il dit aux policiers. « Il n’a jamais voulu me déclarer, alors que je le lui avais demandé. »
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