Ce soir Emmanuel Macron va prononcer le plus important discours de sa jeune carrière présidentielle. Que va-t-il dire ? Nous ne saurions trop lui suggérer de réviser sa politique qui a précipité dans la rue les invisibles, et leur colère longtemps contenue.
Or les combats des Gilets Jaunes et de la lutte contre le changement climatique, et même toute forme de lutte écologique, sont paradoxalement les mêmes. Paradoxalement car ce qui a initié le mouvement des GJ a été la taxe sur les carburants, taxe que l’on aurait pu qualifier d’écologique si elle n’avait été profondément injuste. Car en effet ce sont bien les petites gens, qui ont un besoin impératif de se déplacer en voiture vers leur travail, surtout en zones rurales, qui sont les plus gênés.
Les combats sont les mêmes, pour au moins deux raisons (« en même temps ! ») :
- La première est que ce qui plume les plus pauvres, et ce qui saccage la planète, est un seul et même système : le néo-libéralisme. Celui revendiqué par Macron, politique menée également par ses prédécesseurs
- La seconde est que le gouvernement porte aussi peu d’attention aux fins de mois difficiles qu’à la fin du monde : tandis que chômage et inégalités ne cessent de croître, la biodiversité s’amoindrit et les gaz à effet de serre ont augmenté leurs émissions de 3.2% en 2017, dans ce pays se vantant d’une électricité propre « grâce au nucléaire ».
Les décennies d’ultralibéralisme débridé sont responsables d’une dégradation sociale, de menaces sur la démocratie et notre vivre ensemble, de la sape sur notre devise française, de la déstabilisation de nos conditions d’existence, de la diminution de la biodiversité, des déséquilibres écologiques, du changement climatique.
Il est encore temps, M. Macron, de réviser votre politique : améliorer la résilience vis-à-vis de notre très prochaine disette en pétrole, tout le monde vous le dira, y compris les économistes orthodoxes, c’est rééquilibrer les disparités des revenus : 20% des plus nécessiteux ont perdu 1% de leur pouvoir d’achat depuis le début de votre présidence, de même que 20% des plus aisés ; 59% de la population, les classes moyennes, ont vu leur revenu augmenter de 2%, mais craignent pour leur avenir : ce sont ceux-là même qui composent la majorité des GJ. Enfin 1% des plus riches ont gagné 6% de pouvoir d’achat. Oui, vous êtes le président des très riches.

Voici donc 5 propositions, qui ne vont pas, bien évidemment, dans votre sens, mais qui vous permettraient de sauver la face et votre mandat :
1°) Puisque 100 entreprises transnationales sont à l’origine de 70% de la pollution mondiale, les taxes devraient primitivement se porter sur elles : taxe sur le kérosène, sur les sites industriels polluants et fonctionnent à l’énergie fossile, et même sur tout ce qui provient des énergies fossiles ;
2°) Taxe réaugmentée à 40% sur les dividendes non réinvestis des entreprises, actuellement à hauteur de 25% en Europe, et qui se montait à 40% aux USA avant que Trump ne décide de la baisser à 19%. Ceci permettrait de ne pas laisser aux actionnaires le fruit du travail des employés, et de réinjecter l’argent dans l’économie réelle ; 40 milliards au moins aisément disponibles ;
3°) Taxe sur les transactions financières des entreprises du CAC40, là encore pour réin jecter dans l’économie réelle ces échanges virtuels, et dont la hauteur reste à discuter à l’échelle européenne ;
4°) Lutte contre l’évasion fiscale, il y aurait là une manne de 80 milliards d’€ annuels à récupérer.
Ces prélèvements, qui ne touchent en aucune mesure les classes moyennes et pauvres de la population, vous permettraient de financer 2 postes :
- la transition écologique sur les logements, le chauffage, le réaménagement du territoire pour limiter les transports, la politique des transports collectifs -favoriser le rail plutôt que les cars-, le télétravail, les infrastructures cyclables, le fret ferroviaire et fluvial, la reconversion de l’agriculture, le développement des énergies renouvelables. Cela en fait, du travail. Et tout cela pour la création de centaines de milliers d’emplois et l’augmentation du pouvoir d’achat des Français (logements à énergie positive, moins de déplacements, plus de résilience).
- la justice sociale enfin, en exerçant une pleine solidarité envers les moins aisés de nos concitoyens.
5°) La cinquième tâche sera de transformer nos institutions en votations à la suisse, assemblées citoyennes tirées au sort, révocabilité de nos élu(e)s au bout d’un an, élu(e)s limité(e)s à un seul mandat, jusqu’au plein tirage au sort parmi les inscrits électoraux pour toutes les convocations républicaines, seule façon d’assurer mathématiquement une équitable représentation citoyenne.