Quatre personnes comparaissaient ce lundi devant le tribunal pour des faits de violences, et une fois n’est pas coutume, toutes sur fond d’alcool. Comme l’explique le procureur de la République Éric Tuffery, représentant le ministère public lors de cette audience, « 60 à 70% des affaires de violence se déroulent sur fond d’alcool ». Si les prévenus devaient répondre d’actes de violence à des degrés différents, ils avaient en commun un degré important d’alcool dans le sang. À noter que deux des prévenus auraient pu se retrouver à la cour d’assises si les victimes ne s’en étaient pas aussi bien sorties, façon de parler bien entendu.
Ce lundi, la palme revient à Jean-Pierrot Z., 48 ans, interpellé pour violences au couteau avec préméditation. Surpris alors qu’il vole des denrées dans un magasin du Port, il revient avec l’arme pour s’en prendre au vigile qui n’avait fait que son travail. Il part prendre son couteau, revient et reste figé devant les portes du magasin. Pour finir, il agresse un employé qui tentait de lui faire entendre raison. Un premier coup dans le dos, puis un autre au thorax lorsqu’il se retourne. Il est contrôlé à 1,2 g/l d’alcool dans le sang. Il a commencé à boire à 9h30 le matin.
« C’est une nouvelle affaire de violence sous alcool »
« C’est une nouvelle affaire de violence sous alcool. Ce n’est pas le procès de l’Etat, cette affaire ne commence pas à cause de l’alcool, mais à cause d’un vol. Une fois encore, l’alcool est beaucoup trop facile d’accès à La Réunion » indique le procureur qui demande 5 ans de prison avec maintien en détention. « C’est difficile pour lui, car il boit 1 litre par jour depuis qu’il a 18 ans. L’État a un rôle à jouer pour défendre les plus faibles qui ont des problèmes d’alcool. Je vous demande de faire preuve de clémence » plaide son avocat. Avec 2 condamnations au casier, il en prend pour 5 ans, dont 1 avec sursis probatoire et maintien en détention.
Arrive ensuite un jeune homme de 22 ans, Jean-Fabrice I., inconnu des services de justice. Il devait répondre de violences avec un sabre. Après avoir passé l’après-midi à boire avec des dalons, il dégoupille suite à une dispute avec son frère. Le père s’interpose et réussit à exfiltrer son fils. Jean-Fabrice I. remonte chez ses dalons avec le sabre et ne supporte pas une réflexion de l’un d’eux. Résultat, une plaie importante à la tempe pour une ITT de 5 jours. Ils ont bu 3L de « bourbognac » à quatre ! « Tu es en train de me frapper avec un sabre » lui disait la victime.
« L’alcool monsieur, c’est le contexte, pas la cause ! »
« Excuse à moin, ça fait depuis l’âge de 15 ans que je bois » dit-il à la présidente qui rétorque aussitôt :« l’alcool monsieur, c’est le contexte, pas la cause !« . Pour le procureur : « Il est représentatif d’une certaine délinquance réunionnaise, jamais condamné mais ici pour des faits extrêmement graves ». Il prend 4 ans en prison, dont 1 an de sursis probatoire et maintien en détention. Arrive ensuite Madikele M., 28 ans, pour répondre de faits de menaces de mort avec arme et d’exhibitionnisme sur la voie publique. Une fois encore, l’alcool semble donner des ailes. Il entre dans une boutique de la rue Chatel et insulte la gérante. Le vigile du Score d’à côté ne peut quitter son poste, mais l’interpelle en hurlant.
Cela fonctionne et le fait sortir de la boutique. « Je vais te couper, car je peux tout faire, je suis le roi » hurle le prévenu, sabre en main en direction de l’homme. Pour couronner le tout, il déballe son sexe face au vigile, tel un sceau royal. Un témoin affirme l’avoir vu également l’exhiber une première fois à la responsable de la boutique en criant « je vais te bourrer ». « Bourré » c’est le mot qui convient, en effet, il fêtait la naissance de son 4 ème enfant. S’il jure ne se souvenir de rien, il est contrôlé à 2 g/l … mais le lendemain matin selon ses dires. Imaginez son taux la vielle à 18h30 au moment des faits !
« Que peut-on faire de ce monsieur pour protéger la société »
« Je ne suis pas comme ça, ce que je fais moi, je vole ! » atteste-t-il pour sa défense. « Que peut-on faire de ce monsieur pour protéger la société » questionne le procureur qui demande une peine mixte. Avec 7 mentions à son casier, dont une de 3 ans en cour d’assises des mineurs pour des faits de viol en réunion, il prend 2 ans de prison, dont 1 an de sursis probatoire, et part direct à Domenjod. « Deux bouteilles de Rhum et on finit rue Chatel, fondateur de l’entreprise de Rhum » ironisera la défense.
Vient enfin Thomas R., 26 ans, qui comparaît pour une violation de domicile et des violences sur son ex-conjointe. Il a de la suite dans les idées puisqu’il avait déjà une convocation pour violation de domicile suite en date du 16 septembre dernier. Ce jour-là, il est contrôlé à 3,2 g/l aux alentours de midi avant d’entrer en garde à vue. En attendant sa convocation devant le tribunal, il remet ça le 25 septembre. Elle ne veut plus de lui et il ne comprend pas alors il agresse son ex-compagne devant ses enfants. Il la gifle d’une main et lui serre le cou de l’autre. Cette fois, il est re-interpellé puis replacé en garde à vue. Record battu ! il est contrôlé à 3,4 g/l d’alcool dans le sang ! Il nie les faits dans un premier temps puis finit par reconnaître.
« Cette relation, qui n’en est plus une, elle la vit sur fond de peur. Ce sont encore des faits sur fond d’alcool ! Aujourd’hui, il n’a pas la volonté de s’arrêter de boire » fustige le procureur qui demande une peine de 2 ans de prison, dont 19 mois de sursis probatoire, ainsi que la révocation de 3 mois d’un sursis préalable. « Mr le procureur a raison, il est immature et pas très futé, sans doute les effets de l’alcool ! » plaide la défense. En guise de début de cure de désintoxication Thomas R. écope de 8 mois, dont 5 mois de sursis probatoire, et voit son sursis de 3 mois révoqué. Il est maintenu en détention.
La réaction de Maître Alexandre Vardin, avocat des prévenus lors de cette audience de comparution immédiate.