Juliette Pavard a peut-être réussi son coup : alerter à nouveau l’opinion publique sur le combat qu’elle mène depuis 2004 “contre le non respect de la réglementation en matière d’urbanisme, en certaines occasions à Saint-Denis”.
A la mi-juin, elle a adressé un courrier de trois pages au maire Gilbert Annette, suite à leur rencontre du 2 avril 2009. L’objet de la lettre est : “fonctionnement de l’urbanisme règlementaire de la mairie de Saint-Denis”. Elle attendait une réponse jusqu’à la semaine dernière. Elle n’est pas arrivée à ce jour.
Hier, la Dionysienne de 73 ans a décidé d’interpeller Gilbert Annette au cours du conseil municipal, ainsi que son prédécesseur, René-Paul Victoria. Elle espérait faire d’une pierre deux coups.
Arrivée vers 16h30, Juliette Pavard a patiemment attendu jusqu’aux alentours de 19h00. C’est à l’issue du vote d’un rapport et alors que René-Paul Victoria avait demandé la parole, que Juliette Pavard s’est levée et a apostrophé l’assistance. Plusieurs personnes dont Joël Périgault, directeur du cabinet du maire, ont tenté de la convaincre d’attendre. En vain.
La police municipale est alors intervenue. La discussion a tourné court. “Ne me touchez pas !”, a répété l’habitante de Bellepierre. Sur un geste du maire Gilbert Annette, “je ne peux pas la laisser perturber le conseil municipal, elle aurait pu s’exprimer après”, les quatre policiers ont eu du mal à l’emmener hors de la salle.
La septuagénaire s’est débattue puis s’est laissée tomber sur le carrelage en pleurs, à l’extérieur. Le bilan de cette échauffourée : des marques et une morsure sur les bras des policiers quelque peu désappointés, et une épaule à nouveau touchée pour Juliette Pavard.
Allongée sur le sol froid, entre cris de colère et du cœur, la “vieille dame” a continué à dénoncer les injustices dont elle est victime depuis 2005. C’est avec des mots durs et des insultes qu’elle a crié le nom des élus et administratifs du service urbanisme “qui ont laissé faire”.
La discussion qui a suivi entre son fils aîné et le directeur de cabinet du maire, Joël Périgault, a été un échange stérile. “Vous ne faites pas votre travail, vous ne faites pas respecter la loi”. “Si nos décisions ne vous conviennent pas, emmenez-nous au tribunal”.
Juliette Pavard a porté plainte à plusieurs reprises contre le non respect des règles en matière d’urbanisme (construction d’une maison et d’une piscine sans permis de construire, construction d’un mur “dangereux” sur la propriété de son fils). Elle a perdu la plupart de ces procès. A ce jour, elle a engagé 30.000 € de sa poche.
Juliette Pavard avait cru un moment que le changement de maire à Saint-Denis aurait joué en sa faveur. Ce n’est pas le cas pour l’heure. Les données du problème n’ont pas changé pour elle et aujourd’hui pour son fils. La Dionysienne est plus que jamais seule face à une machine qui est en train de la broyer.
Sa croisade contre les constructions illégales, a pris une autre tournure hier soir. Les cris et les pleurs de souffrance de la mère puis du fils ont longtemps déchiré la nuit. Les quelques personnes qui étaient restées sur la terrasse de la mairie, jusqu’à ce que Juliette Pavard soit transportée au CHD vers 20h30, ne cachaient pas leur embarras…