Les arguments avancés par ces bénévoles méritants se bornent malheureusement qu’à l’aspect extérieur de la prison dont les façades laissent augurer un intérêt historique pour le patrimoine de la Réunion.
Après 25 ans de bons et loyaux services dans cette prison, je me permets de témoigner sur l’aspect intérieur du bâtiment à ce jour. On pourra ainsi se rendre compte combien cette geôle a été, sous prétextes d’améliorations des conditions de détention, de sécurité et de travail, martyrisée et meurtrie. Ainsi, au fil des années l’administration a entrepris des travaux importants dans tous les secteurs en bafouant les règles les plus élémentaires du respect du patrimoine. C’est ainsi que des éléments ayant des valeurs indéniables historiques ont été détruits et remplacés par du béton à tout va.
Dés le début des années 90, date de l’ouverture du Centre Pénitentiaire de la Plaine des Galets, un Directeur à la renommée de bâtisseur a entrepris la démolition de tout l’intérieur de la prison ; On a rasé les guérites, les passerelles, la cour centrale avec son bassin à poissons, ses allées pavées, les locaux divers d’époques, sa chapelle, etc.
En remplacement, un imposant bâtiment central servant de locaux polyvalents s’érigeait en pleine cour centrale.
Notre organisation syndicale, l’U.F.A.P, n’a pas manqué de dénoncer les violations des règles du patrimoine inacceptables. Vainement. Les responsables de l’établissement bénéficiaient au contraire du soutient sans faille des autorités diverses qui ne manquaient pas de les féliciter dans leur entreprise.
Nos propositions pour solutionner les difficultés à la Maison d’Arrêt en respectant les locaux existant étaient à chaque fois rejetées.
La loi de la jungle régnait sur les cours et des délits et crimes étaient les lots quotidiens dans les quartiers ou dans les dortoirs.
La principale solution était de diminuer significativement le nombre de détenus sur la Maison d’Arrêt. Alors que des détenus relevaient du Centre de détention du Port, des criminels du Centre Pénitentiaire du Port étaient au contraire affectés à Saint-Denis. D’où la surpopulation carcérale avec les conséquences sur la gestion des détenus.
Tout cela pour dire que les travaux réalisés n’ont pas solutionné les problèmes de la Maison d’Arrêt de Saint-Denis.
Je profite de l’occasion pour rappeler l’incroyable autodafé qui s’est passé sur une cour désaffectée de la prison. Des registres d’une importance primordiale pour le patrimoine de la Réunion ont été brûlés délibérément, dans l’indifférence la plus totale. Les responsables de cet autodafé sont restés impunis à ce jour…
Avec ces quelques exemples de violation des règles de la conservation du patrimoine, on ne peut que constater les dégâts irrémédiables sur l’architecture de la prison.
Faut-il la garder ou la détruire ? J’estime que la possibilité de visiter la prison soit donnée au plus grand nombre afin de les éclairer sur leurs prises de positions concernant le maintien ou la destruction de la prison qualifié, faut-il le rappeler, de Honte de la République par les autorités parisiennes.
Personnellement, je ne trouve plus aucun intérêt pour la conserver. L’administration avait filmé l’intérieur de la prison avant les destructions. Il serait judicieux de les visionner et les garder comme souvenirs.
Après le crime contre la mémoire Réunionnaise avec les archives brûlées, voilà maintenant le démantèlement d’un bâtiment classé monument historique (relevant des architectes de France) qui restera encore impuni.
Luçay SIDAT
Garde-chiourme retraité
et fier de l’avoir été
luçay.sidat4@gmail.com