Roger Lapierre, ancien cadre hospitalier, amateur de pêche en haute mer, une fois à la retraite, fait l’acquisition d’un cabin-cruiser capable d’affronter la houle océane toujours forte au large de Saint-Pierre.
Il fait appel aux bons offices d’un ancien pêcheur professionnel, qui n’a plus de patente, Karl Gonthier, unanimement reconnu comme l’un des meilleurs.
Mauvaise pioche. Ce dernier, 3 à 4 fois par semaine, le conduit sur les DCP (dispositifs de concentration du poisson), strictement interdits aux plaisanciers. Chaque sortie les voit revenir avec 40 à 50 kilos de belles prises.
Là, Gonthier commet quelques « bricoles » illégales. Il « oublie » de couper nageoires, ailerons et queues des poissons, contrainte incontournable pour les plaisanciers afin d’interdire la vente du poisson. Il fait « cadeau » de quelques kilos au propriétaire de l’embarcation et revend sa part, illégalement, dans le stand de son pote Alix Vélia, copropriétaire d’un GIE disposant d’un stand aux abords du pont du même nom.
Gonthier écope (ouaf !) de 6 mois ferme et quelques milliers d’euros d’amende. Vélia, vendeur tout aussi illégal, en prend pour 100 jours/amendes à 50 euros pièce. Et Lapierre 5000 euros d’amendes.
Le plus drôle est que le Comité régional des pêches maritimes, partie civile, avait réclamé 118 000 euros de dommages-intérêts. Malheureusement pour lui, Me Raffi s’était dressé là contre : si on voyait bien l’intérêt du Comité, en l’espèce, on ne voit pas trop où sont les « dommages » subis par cette instance qui n’est jamais intervenue dans l’affaire et ne s’occupe de pêche maritime que pour enquiquiner les pêcheurs.
Tel était du moins l’opinion de cet avocat style grand gosier… qui a gagné : le Comité i croyait morde in gros poisson ? Lu la envale le zin èk le ver-à-soie (traduction : l’hameçon et la ligne) et pour le reste, a été débouté par le tribunal. Histoire de dire sans doute qu’ici, on n’est pas encore sous législation US !