
Réponse à mon cousin
Non ! Pierrot. Tu n’es pas le seul à t’insurger.
Tu m’as pris de court, voilà tout. Je mets ça sur le compte de ta jeunesse. Sinon de mon esprit timoré… parfois.
Bien sûr que je suis horrifié par ce que j’apprends. Bien sûr que je suis surpris et choqué par les avis de Mgr Gilbert Aubry. D’autant plus choqué, outré oserais-je dire, que Gilbert est un honnête homme. C’est ma conviction. C’est aussi un ami de longue date et j’ai mal à écrire ce qui suit. Mais aussi honnête soit-il, Gilbert appartient à une confrérie, à une conviction, à un groupe qui, depuis une éternité, rêve de dominer nos esprits. Il ne peut, sans rougir, renier ses convictions.
Je vais t’apprendre des choses, mon cousin…
Lorsque nous étions mômes, mes frères et moi, il était d’usage d’aller en « changement d’air » dans les Hauts, à la saison chaude, janvier/février. Pour nous, c’était à Cilaos.
Nous avions, pour chaude recommandation, d’aller voir le père B., directeur du séminaire. Rien à voir avec le père Boiteau, je tiens à le préciser.
Le père B. avait un bureau situé dans une merveilleuse petite maison en bois et bardeaux dominant le plateau. Ce digne ecclésiastique recevait qui voulait. Surtout les jeunes mômes aux fesses rebondies.
Plusieurs fois, il nous accueillit avec force amabilités. Il nous faisait asseoir sur ses genoux et nous, nous trouvions ça charmant. Il nous cajolait, nous faisait des bisous auxquels nous ne trouvions rien à redire. Qu’y-a-t il de plus naïf qu’un petit môme de onze ans ? Il nous faisait des cadeaux… Un jour, ainsi, il m’offrit un de ces petits pistolets-briquets, disparus aujourd’hui.
- Il te plaît ?
- Oui ! dis-je… (Parce que c’est à moi que c’est arrivé !)
Sans comprendre ce qu’était cette grosse bosse poussant dans mon cul !
- Tiens ! Il est à toi.
Sur quoi il m’appliqua un gros suçon gluant sur la joue. Je me souviens que mon premier réflexe fut de m’essuyer furieusement la gueule.
Serait-il allé plus loin ? Je ne saurais le dire. Ce que je sais, c’est que notre vieille nénène Ida, notre Ida chérie, mit fin au drame : il fallait aller aux Vêpres, condition sine qua non pour aller au cinéma de 18 heures. Elle venait donc nous récupérer (de justesse) d’entre les pattes velues de ce vieux salaud. Ce pourquoi, certainement, je n’ai as été violé. Si tu savais, ma vieille Ida, comme je te vénère…
Le pire, je vous le donne en mille, c’est que le père B., après avoir failli nous la mettre profond, était celui-là même à animer les Vêpres. « Tantum ergo sacra-amentu-um… »
Des décennies durant, j’ai étouffé ces images de mes souvenirs.
Il fallait que je le dise aujourd’hui, pour que cousin Pierrot ne se sente pas seul dans son indignation.
A l’arrière du bureau de ce vieux pédophile, il y avait une pièce réservée au plus prometteur des séminaristes. Ce dernier ne pouvait ignorer ce qui se passait derrière sa cloison. Je vous laisse deviner qui était ce futur dignitaire ecclésiastique du petit Séminaire de Cilaos.
Ce que je voulais dire aussi, c’est que la pédophilie forcée n’est pas l’apanage du la chrétienté. Mon ami, hélas trop tôt disparu, V., m’a avoué qu’il avait failli être violé dans les douches de la mosquée de Saint-Louis :
« Mwin té sous la douche… Heureusement que mwin té cours plus vite que lu… Parce que mwin la senti le bout’ ! »
Persiste, signe et assume seul mes propos,
Jules Bénard
Non ! Pierrot. Tu n’es pas le seul à t’insurger.
Tu m’as pris de court, voilà tout. Je mets ça sur le compte de ta jeunesse. Sinon de mon esprit timoré… parfois.
Bien sûr que je suis horrifié par ce que j’apprends. Bien sûr que je suis surpris et choqué par les avis de Mgr Gilbert Aubry. D’autant plus choqué, outré oserais-je dire, que Gilbert est un honnête homme. C’est ma conviction. C’est aussi un ami de longue date et j’ai mal à écrire ce qui suit. Mais aussi honnête soit-il, Gilbert appartient à une confrérie, à une conviction, à un groupe qui, depuis une éternité, rêve de dominer nos esprits. Il ne peut, sans rougir, renier ses convictions.
Je vais t’apprendre des choses, mon cousin…
Lorsque nous étions mômes, mes frères et moi, il était d’usage d’aller en « changement d’air » dans les Hauts, à la saison chaude, janvier/février. Pour nous, c’était à Cilaos.
Nous avions, pour chaude recommandation, d’aller voir le père B., directeur du séminaire. Rien à voir avec le père Boiteau, je tiens à le préciser.
Le père B. avait un bureau situé dans une merveilleuse petite maison en bois et bardeaux dominant le plateau. Ce digne ecclésiastique recevait qui voulait. Surtout les jeunes mômes aux fesses rebondies.
Plusieurs fois, il nous accueillit avec force amabilités. Il nous faisait asseoir sur ses genoux et nous, nous trouvions ça charmant. Il nous cajolait, nous faisait des bisous auxquels nous ne trouvions rien à redire. Qu’y-a-t il de plus naïf qu’un petit môme de onze ans ? Il nous faisait des cadeaux… Un jour, ainsi, il m’offrit un de ces petits pistolets-briquets, disparus aujourd’hui.
- Il te plaît ?
- Oui ! dis-je… (Parce que c’est à moi que c’est arrivé !)
Sans comprendre ce qu’était cette grosse bosse poussant dans mon cul !
- Tiens ! Il est à toi.
Sur quoi il m’appliqua un gros suçon gluant sur la joue. Je me souviens que mon premier réflexe fut de m’essuyer furieusement la gueule.
Serait-il allé plus loin ? Je ne saurais le dire. Ce que je sais, c’est que notre vieille nénène Ida, notre Ida chérie, mit fin au drame : il fallait aller aux Vêpres, condition sine qua non pour aller au cinéma de 18 heures. Elle venait donc nous récupérer (de justesse) d’entre les pattes velues de ce vieux salaud. Ce pourquoi, certainement, je n’ai as été violé. Si tu savais, ma vieille Ida, comme je te vénère…
Le pire, je vous le donne en mille, c’est que le père B., après avoir failli nous la mettre profond, était celui-là même à animer les Vêpres. « Tantum ergo sacra-amentu-um… »
Des décennies durant, j’ai étouffé ces images de mes souvenirs.
Il fallait que je le dise aujourd’hui, pour que cousin Pierrot ne se sente pas seul dans son indignation.
A l’arrière du bureau de ce vieux pédophile, il y avait une pièce réservée au plus prometteur des séminaristes. Ce dernier ne pouvait ignorer ce qui se passait derrière sa cloison. Je vous laisse deviner qui était ce futur dignitaire ecclésiastique du petit Séminaire de Cilaos.
Ce que je voulais dire aussi, c’est que la pédophilie forcée n’est pas l’apanage du la chrétienté. Mon ami, hélas trop tôt disparu, V., m’a avoué qu’il avait failli être violé dans les douches de la mosquée de Saint-Louis :
« Mwin té sous la douche… Heureusement que mwin té cours plus vite que lu… Parce que mwin la senti le bout’ ! »
Persiste, signe et assume seul mes propos,
Jules Bénard