Daniel Lauret ne fait jamais rien comme personne.
Parce qu’il ne ressemble à personne.
Rien que le titre de cet ouvrage, déjà, ferait croire à une des nombreuses fautes de français de Ségolène, tiens. Terme qui, en réalité, a été créé par Simone de Beauvoir voici bien longtemps. Un mot qui est une réaction, un combat.
Daniel Lauret ne se raconte pas ; il ne s’explique pas. Il se savoure, il se déguste.
Et là, nous sommes servis : deux ouvrages pour le prix d’un seul, dans un opus qui demande que l’on prenne son temps. Un peu plus de 300 pages pour un conte, Notre Drame des Laves ; et un roman, L’épreuve de l’amour. L’a jamais été avare, le bonhomme.
Tous ceux qui, comme moi, ont côtoyé Daniel dans notre vieux lycée Leconte-de-Lisle, ne seront pas réellement surpris du style : il est comme leur auteur, clair, précis, ironique, malicieux. Ce qui n’empêche nullement la gravité du propos.
Je vous livre une de ses phrases qui, personnellement, m’a ému et intrigué :
« J’ignorais qu’il continuait à cracher (NDA : le volcan). A vrai dire, je m’en foutais. Ma préoccupation était plus nombriliste. Ce qui grouillait dans mon ventre avait plus d’importance que ce qui gargouillait dans les entrailles du Piton de la Fournaise ».
Daniel réalise là une remarquable performance d’auteur : il ne parle pas d’une femme, il ne « raconte pas » une femme. Il est cette femme. Ce qui dénote une subtile connaissance de l’âme humaine. Mais c’est tout lui, ça, modeste, auto-dérisoire… pour cacher une subtilité profonde. Bravo gars.
Je ne vais pas dévoiler les deux intrigues, toutes deux attachantes, fascinantes même. Mais courez vite acheter ce livre.
« Féminitude », de Daniel Lauret.
Editons Orphie.
14,50 euros en librairie.