Ce mardi 12 août est Journée internationale de la jeunesse de l’ONU. Nous nous sommes intéressés à l’illettrisme qui touche 16% des Réunionnais de 16 à 25 ans en 2011, soit quatre fois plus qu’en métropole (4%), selon les données de l’Insee. L’ORS indique également que 14% des jeunes réunionnais de 17-18 ans sont en situation d’illettrisme en 2013.
Ces chiffres peuvent être en partie expliqués par un système éducatif encore récent à La Réunion, selon Johny Dijoux, responsable du centre de ressources illettrisme du CARIF-OREF (Centres d’animation, de ressources et d’information sur la formation et des Observatoires régionaux sur l’emploi-formation) de La Réunion. « Il a été tardivement développé, au moment de la départementalisation et c’est en partie pour cela que notre taux d’illettrisme est plus élevé », explique-t-il.
« Les facteurs d’illettrisme sont nombreux », affirme-t-il. L’Insee aurait défini quatre causes principales: une langue différente du Français au sein de la famille, l’appartenance à une catégorie sociale défavorisée, un manque d’habitude de lecture à la maison et des parents qui ne savent ni lire ou écrire.
Une étude des élèves de l’IRTS (Institut régional du travail social) a également déterminé d’autres facteurs comme le manque de sécurité affective, la mauvaise influence de ses pairs ou encore un manque de vocabulaire circulant au sein de la famille.
« Il n’y a pas profil type d’illettrisme, chaque individu est différent, explique Johny Dijoux, mais un cas assez commun est celui de l’enfant qui ne parle que créole à la maison et qui fait un rejet du français à l’école ».
Un taux en baisse chaque année
« Malgré un taux toujours élevé, on remarque une pente descendante entre 2009 et 2011 pour le nombre de jeunes entre 16 et 25 ans en situation d’illettrisme, affirme le responsable du centre de ressources illettrisme, et une baisse de 5 points en 2013, pour atteindre 11% (au lieu de 16% en 2011), selon mes calculs ». L’ORS affirme également que le taux de jeunes illettrés, âgés cette fois de 17 à 18 ans, a baissé de 15,5% en 2011 à 14% en 2013. Selon Johny Dijoux, de nouveaux plans et partenaires d’actions de prévention sont une des raisons de cette baisse.
Les journées de défense et de citoyenneté organisées chaque année par l’État servent à détecter l’illettrisme chez les jeunes lors des tests de compréhension écrite. Deux listes de jeunes « à risque » sont ensuite fournies, une pour les élèves scolarisés et l’autre pour ceux qui ont quitté les bancs de l’école. « Pour les premiers, c’est la Mission Locale qui propose un suivi et des formations. Pour ceux qui sont encore scolarisés, chaque établissement reçoit les noms des élèves concernés, qui peuvent ensuite être formés au sein de l’établissement, confiés à des « formateurs externes » ou envoyés à la Mission pour la lutte contre le décrochage scolaire, précise Johny Dijoux. Ces actions sont des facteurs directs de la baisse de l’illettrisme chez nos jeunes. S’il y en a de moins en moins c’est grâce à ce travail qu’il faut absolument continuer ».