De plus en plus demandés, les services à la personne abondent d’offres d’emplois, notamment à La Réunion où la filière est en pleine expansion. Afin de répondre aux questions que se posent les dirigeants d’entreprise, la Fédération du service aux particuliers (FESP), a organisé ce mercredi 8 mars 2017 une matinée spéciale à la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion. Rencontre avec Richard Ruz Guindos, référent régional de la FESP (Fédération des entreprises de services aux particuliers).
Combien de personnes occupent des métiers de service à la personne à La Réunion ?
18 000 personnes, soit trois fois plus que dans le tourisme ou le bâtiment. Ces personnes travaillent aussi bien dans le domaine du service que dans celui de la domotique.
Nous avons principalement trois secteurs d’activités. Tout d’abord, toute la partie confort avec du crédit d’impôt, avec des personnes qui travaillent, paient des impôts et qui peuvent déduire de leurs impôts la moitié des prestations.
Une autre partie concerne le maintien à domicile, financée principalement par le conseil départemental. Là, nous sommes également sur des volumes très importants.
Et puis nous avons le secteur de la petite enfance, avec la garde d’enfants ou le soutien scolaire.
Quels sont les métiers que l’on retrouve le plus ?
Nous comptabilisons 23 métiers. Parmi eux, on peut retrouver le ménage, le repassage, la garde d’enfants mais aussi les transports, le gardiennage, le jardinage ou encore la préparation de repas.
Quels sont les métiers moins connus dans ce secteur ?
L’esthétique par exemple, on connaît tous les salons de beauté mais pas les services à la personne… Il y a aussi l’accompagnateur de chien : beaucoup de clients nous demandent de sortir leurs animaux de compagnie.
Quel est le revenu moyen d’un employé de ce secteur ?
Il ou elle est payé(e) au SMIC et en fonction de l’expérience et de l’ancienneté, une revalorisation salariale est bien sûr possible, notamment pour les postes d’encadrement.
Le vieillissement de la population va-t-il accélérer le nombre de personnes travaillant dans le secteur ?
C’est clair : nous prévoyons d’ici à 2030 à La Réunion la création de plus de 50 000 emplois dans le secteur du service à la personne.
Les cas de l’Arast et de Korbey d’Or ne montrent-ils pas un certain déficit de contrôle de ces sociétés ou d’associations du secteur qui profitent de l’embellie ?
Il y a deux choses: tout d’abord, pour ces cas bien précis, je pense qu’il ne faut pas communiquer uniquement sur les effets négatifs. Je pense que ce sont des structures qui rendent des services non-négligeables en termes de volume à la population.
Toute entreprise aujourd’hui connait des difficultés et nombre d’entre elles reconnaissent vivre sur le CICE. Je crois que nous sommes à plus de 146 taxes dans les entreprises en France, et pour un chef d’entreprise, ce n’est pas facile pour s’y retrouver…
Comment la Fédération peut-elle intervenir pour professionnaliser ces structures membres ?
La FESP a un projet à La Réunion de monter un CFA de services à la personne. Particularité de ce centre, il intégrera la domotique, à savoir tout ce qui permet aux personnes à mieux vivre chez elles tout en réduisant les risques d’accident domestiques ou liés à la maladie d’Alzheimer.
Le secteur a-t-il des revendications particulières adressées au gouvernement ?
Au niveau national, nous avons rencontré l’ensemble des candidats à la présidentielle. Nous leur demandons plus de stabilité administrative et qu’on arrête de nous changer les règles car nous avons besoin de voir plus clair pour construire notre filière. Nous leur avons également soumis la proposition d’un tarif unique pour tout ce qui est financement du maintien à domicile.
Que proposent les conventions 2017/2020 présentées ce matin aux dirigeants ?
Il faut savoir que notre filière n’a pas toujours été prise en compte dans les futurs programmes de développement économique pour plusieurs raisons. Ces programmes sont étudiés en amont sur 3/4 ans. Aujourd’hui, nous faisons une démarche auprès des candidats à la présidentielle pour leur dire de mettre dans leurs projets respectifs les services à la personne comme un développement économique, qui est une solution pour réduire le chômage. À La Réunion avec 60% de chômage des jeunes, on ne peut pas faire l’impasse sur cette filière.
Pourquoi la Fédération des services aux particuliers milite-elle pour la création d’un CFA services à la personne à La Réunion ?
Nous ne militons pas mais nous avons signé une convention avec le ministère de l’Économie sur la création de CFA au niveau national, dont un dans les DOM. Pour moi, ce centre d’apprentissage doit être basé à La Réunion. Pourquoi ? Parce que nous avons reçu beaucoup de financements sur des contrats d’apprentissage à faire bénéficier à pas mal de jeunes. De plus, nous avons un problème de recrutement : nous avons des propositions d’offres d’emploi et pas de candidat…Avec 60% de chômage chez les jeunes, cela paraît incohérent. On veut donc créer ce CFA en intégrant la domotique pour proposer un panel de métiers à l’ensemble de la jeunesse réunionnaise pour qu’ensuite, les chefs d’entreprise, qui poussent pour l’installation de ces CFA, puissent les embaucher.