Qu’est-ce qui a motivé votre engagement politique ?
J’étais très jeune quand mon père m’a proposé d’être sur sa liste au conseil régional en 1996. Fortement impliquée dans le tissu associatif, en 2009, je me suis retrouvée sur une liste municipale. Par la suite, j’ai représenté le personnel de l’ARAST lors de la procédure de liquidation. Cela m’a permis de découvrir l’autre décor du monde du travail. Association et syndicat sont des parcours qui mènent à la politique. Quand j’ai été sollicitée aux régionales en 2010, je savais ce qui m’attendait. J’avais déjà un projet de ce que je pouvais proposer et faire.
Avez-vous l’impression que la place des femmes a évolué en politique à La Réunion ?
Dans les mairies et les conseils régionaux, la place de la femme est devenue obligatoire en raison du quota homme-femme. Il n’en est pas de même dans les partis politiques. A la Région, je n’ai rien à dire sur la place des femmes. Nous avons carte blanche. Nous proposons des actions et nous les mettons en œuvre. Les choses évoluent très lentement dans la sphère du pouvoir. Avec Fabienne Couapel nous travaillons depuis le début de notre mandature sur le projet d’une crèche pour les besoins du personnel du conseil régional, c’est un projet typiquement féminin.
Pensez-vous que les femmes font de la politique autrement ?
Les regards des hommes et des femmes sont différents sur les dossiers. Nous avons un regard perfectionniste. Nous ne survolons pas les dossiers. Nous les portons du début à la fin. Nous ne parlons pas de ce que nous ne savons pas. Nous travaillons d’une manière minutieuse. Nous ne sommes pas dans la course de mandats. Ce qui fait la différence entre les hommes et les femmes en politique.
Les dossiers « cases à lire » et « école de la deuxième chance » occupent tout mon temps ; depuis 2010, nous avons ouvert 36 cases à lire. La structure permet d’accueillir des personnes qui ont des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Quant à l’école de la deuxième chance, elle accueille sur quatre sites de l’ile des jeunes de 18 à 25 ans, sans diplômes (120 par site). Sur une durée variable de deux mois à un an, des formateurs et des animateurs les accompagnent dans leurs projets professionnels. A la sortie, ils vont vers des formations, des contrats professionnels ou d’apprentissage ou encore vers un emploi. Je serais incapable d’avoir une activité professionnelle ou un autre mandat.
Vous définiriez-vous comme féministe ?
Je comprends que certaines femmes puissent l’être. Le monde des syndicats tout comme celui des partis politiques sont des milieux masculins très fermés ; j’évolue dans ces sphères depuis plusieurs années, je sais par expérience, qu’il est difficile d’être femme et Réunionnaise dans ces milieux-là.
Quand vous étiez enfant, vous aviez conscience d’un statut différent entre l’homme et la femme ?
J’ai été élevé par mon père lors de la séparation de mes parents. Enfant, j’ai vécu, avec mes deux frères, d’une manière égalitaire le partage des tâches à la maison. C’est en pénétrant dans le monde du travail que j’ai découvert la différence entre les femmes et les hommes. Les réflexions inappropriées et désagréables de certains hommes envers les femmes m’ont beaucoup choqué à l’époque.
Est-ce que l’homoparentalité est une nouvelle forme de famille ?
Pour ou contre, c’est une nouvelle forme de famille. L’être humain a trouvé des solutions avant que la loi soit votée. Mais je pense que nous n’avons pas assez de recul pour connaître l’épanouissement d’un enfant dans ce cadre-là.