Entretien avec le Président de la Région, Didier Robert
Mieux se déplacer demain : La Réunion prête à relever le défi
Depuis le 1er janvier 2017, la région est compétente pour la gestion des transports interurbains. Pour l’usager, cette évolution issue de la loi NOTRE aura-t-elle un impact?
La Région assume en effet désormais la compétence transports interurbains. Notre objectif est de permettre au plus grand nombre possible de Réunionnais de pouvoir se déplacer dans de meilleures conditions, en accordant une place beaucoup plus importante aux transports collectifs. C’est cette évolution que nous avons déjà engagé ces dernières années et que nous voulons accélérer aujourd’hui.
Pour illustrer sur cette dynamique en cours je peux citer l’acquisition de nouveaux bus sur l’ensemble des réseaux, pour une vraie amélioration de l’offre de transports en commun.
Cette dynamique en faveur d’une meilleure qualité de service est d’ailleurs d’actualité puisque plusieurs étapes seront franchies dans les toutes prochaines semaines avec un renforcement des lignes les plus fréquentées et une optimisation de celles qui ne sont pas assez fréquentées. De même, il est prévu de livrer en septembre prochain le pôle d’échange de Duparc et d’une manière générale de mettre en place les mesures visant à améliorer la coordination entre les réseaux urbains et notre réseau interurbain.
Cette nouvelle politique concerne aussi l’arrivée de nouveaux matériels roulants comme les bus à étages dont un premier exemplaire devrait être mis en service début avril en alternance sur les lignes de l’Ouest et de l’Est. Puis, sous réserve de la bonne adaptation de ce type de véhicule à notre réseau et de la bonne perception par les usagers, deux autres bus à étage devraient être commandés d’ici la fin de l’année.
Quelle place occupe la dimension durable, écologique, dans le politique régionale de transport?
Cette place est centrale, elle est au coeur de notre politique régionale de transport. D’abord nous savons que le poste transport est l’un des plus importants consommateur d’énergies fossiles sur l’île.
Il y a donc là une question à la fois environnementale et aussi de pouvoir d’achat. En ce qui concerne la question environnementale, si nous voulons atteindre des objectifs volontaristes en matière de sobriété énergétique il nous faut accélérer l’usage des transports en commun.
Notre facture carburant est de plus de 600 millions d’euros chaque année. C’est dans ce cadre que s’inscrit le développement intelligent du Trans-Eco-Express : voies réservées au transport en commun, véhicules supplémentaires, co-voiturage…
C’est aussi tout l’intérêt du projet de métro aérien que nous avons engagé. Une première phase qui sera réalisée entre Ste Marie et le centre de St Denis avec un prolongement prévu jusqu’aux villes et quartiers de l’Est de l’île. Une deuxième étape sera ensuite mise en oeuvre dans le Sud.
Une nouvelle ère s’ouvre-t-elle pour la Réunion, pour les réunionnais?
Après une période de rattrapage nécessaire de construction des infrastructures modernes, nous ouvrons une nouvelle ère : celle de l’offre de transports en commun suffisamment pratique et attractif pour participer à changer profondément les comportements. Je veux faire de La Réunion un territoire modèle en matière de transports et de déplacements.
Penser l’offre de transport de l’île dans les prochaines années invite aussi à incorporer toutes les évolutions en cours autour des robots, des voitures autonomes, des nouvelles organisations du travail et des activités de vie. De même, vouloir développer l’usage des voitures électriques requiert de penser la chaine dans toute sa globalité. A quoi cela servirait-il de pousser à l’usage du véhicule électrique si la source d’énergie demeure celle fournie par des centrales à charbon rejetant du carbone dans l’atmosphère !
Nous devons donc déployer des nouveaux dispositifs liés aux énergies renouvelables, aux réseaux intelligents, aux dispositifs améliorés de stockages. Je prendrais d’ailleurs sur ce plan un ensemble d’initiatives dans les prochaines semaines.
Dans le domaine de l’organisation de ses transports et déplacements, La Réunion doit devenir un territoire exemplaire, modèle pour sa capacité à avoir su déployer avec ambition, cohérence et intelligence des solutions innovantes en lien avec les objectifs de la communauté internationale dans le domaine de la réduction de l’émission des gaz à effets de serre.
Encore une fois, ce champ des transports et déplacements est un lieu de défis. Mais comme je m’y emploie depuis 2010, ces contraintes sont pour nous autant des espaces d’opportunités aussi pour l’activité économique et l’emploi.
Didier Robert
Sénateur, Président de la Région Réunion