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Joël Grouffaud : Cher Charlie

On en a fait un bon bout de chemin, ensemble. D’abord avec ta maman, la Grosse Bertha. Rappelle toi, c’était en 1991, la guerre du Golfe, la première, contre la soit-disant quatrième armée du monde, qui possédait des canons dignes de la mythique artillerie allemande. Et après les manifestations contre cette foutue guerre, véritables travaux […]

Ecrit par zinfos974 – le samedi 10 janvier 2015 à 22H04

On en a fait un bon bout de chemin, ensemble. D’abord avec ta maman, la Grosse Bertha. Rappelle toi, c’était en 1991, la guerre du Golfe, la première, contre la soit-disant quatrième armée du monde, qui possédait des canons dignes de la mythique artillerie allemande.

Et après les manifestations contre cette foutue guerre, véritables travaux pratiques d’un jeune comme moi en formation politique, je revenais de ces manifs les bras chargés de journaux : Rouge, le monde libertaire, et un brulot qui détonnait, la Grosse Bertha, créé et nommé ainsi en réaction à la propagande belliciste.

Et déjà, Cabu, Charb, Honoré et Wolinski, et bien d’autres, étaient de l’aventure. Jusqu’alors, pour moi gamin, Cabu, c’était Récré A2 et Dorothée, puis l’illustration des débats enflammés chez Polac. Ils ont assassiné ma jeunesse !

Et comme il est de coutume pour une organisation de gauche, il y a eu une scission et Charlie Hebdo est né. Bien entendu, je t’ai suivi Charlie, et puis ton directeur Philippe Val m’a déçu, et après l’éviction de Siné, nos chemins ont divergé. Mais je t’ai défendu lorsque les religieux de tous poils, et pas qu’eux, te crachaient dessus lorsque tu publiais des dessins, que, mon Dieu, il ne fallait pas montrer. Ces mêmes hypocrites qui aujourd’hui, ironie de l’Histoire et tu dois bien rigoler, descendent dans la rue pour nous dire qu’ils sont Charlie. Comme le chantait Georges Brassens, « Dieu s’il existe, il exagère » !

C’est quand un ami qu’on a perdu de vue depuis des années disparaît pour toujours que l’on réalise ce qu’il nous apporté. Désolé Charlie, mais l’émotion m’empêche de théoriser sur la liberté qu’on assassine, sur la République en danger, ou sur toute autre unité nationale, qui tiendra le temps du deuil. C’est une partie de moi même qui disparaît avec toi. Je ne suis pas Charlie, mais j’ai été fait par Charlie. C’est aussi simple que ça.

On me signale que tu n’es pas mort. J’aimerais y croire, mais « mon » Charlie a disparu à tout jamais.

Joël GROUFFAUD
 

 

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