L’ambiance était politique ce vendredi matin au tribunal correctionnel de Saint-Denis. Nassimah Dindar devait être jugée pour prise illégale d’intérêts et emplois de complaisance mais l’affaire a été renvoyée. Jean-Paul Virapoullé était également devant le tribunal pour prise illégale d’intérêts. La dernière jugée était celle concernant Joé Bédier qui doit répondre de diffamation à l’encontre de Jean-Paul Virapoullé.
Et ce n’est pas anodin que Jean-Paul Virapoullé soit présent, il est partie civile dans l’affaire concernant Joé Bédier. Et vice-versa.
En effet, Joé Bédier comparaît pour complicité de diffamation dans l’affaire de la vente de la maison « Moutien » achetée par la mairie en 2019. Alors que Jean-Paul Virapoullé est encore maire de la ville, la maison appartenant à se cousine, est vendue à 1,4 million d’euros. C’est le conseiller municipal de l’opposition, Joé Bédier, qui porte plainte, affirmant qu’elle devait être vendue aux enchères à seulement 630.000 euros. Cette vente avait été annulée.
L’ancien maire s’explique ce matin lors de son propre procès pour prise illégale d’intérêts. Dans celui-ci, c’est à Joé Bédier de se défendre. Chose qu’il voulait faire avant les élections mais l’affaire avait été renvoyée. Le 20 avril 2019, il avait dénoncé ces faits lors d’une conférence de presse. Des propos repris dans un article du Journal de l’Île de La Réunion contenant les mots « gros cadeau », entre autres, pour qualifier la vente de la maison.
Mais l’avocat de Joé Bédier relève les irrégularités de la plainte et demande à ce que sa nullité soit prononcée. Pour cause, le manque des propos précis concernés par la plainte, le nom du journal incomplet (« Journal de l’Île), des guillemets absents et la qualification de l’article en tant qu’interview alors qu’il s’agit d’un édito.
L’avocat de Jean-Paul Virapoullé, Me François Avril, affirme que « tout le monde à La Réunion connait le Journal de l’Île; le maire de Saint-André doit être le seul qui ne le connaît pas ». Et concernant les « coquilles » dans la prévention, « le réquisitoire introductif les corrige en précisant « de La Réunion » ».
Le procureur n’a donné aucun avis sur la question. Mais plus simplement, il a précisé que si l’on s’offusque facilement face aux propos relayés dans la presse, il vaut mieux parfois « cueillir des chouchous ».
Une légèreté ressentie dans ce procès, comparé à celui de Jean-Paul Virapoullé quelques minutes avant. Une légèreté et une confiance pour Joé Bédier, fraichement élu maire, à tel point qu’il tapote sur son téléphone alors que son avocat le défend. Une scène rare en correctionnelle « On est la pour parler de vous », lui lance le président d’audience pour qu’il le range.
Le tribunal a fini par prononcé la nullité de la plainte. L’affaire s’arrête donc là.