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Jet de trottinette, savon glissant et explications lunaires à la barre

Force est de constater que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être en matière de violences conjugales. Jason F., 24 ans, en sait quelque chose puisqu'il a dû s'employer à faire entendre sa version des faits lors de l'audience de comparution immédiate de ce mercredi. Une version quelque peu "fantaisiste" pour le procureur.

Ecrit par 1167938 – le jeudi 05 janvier 2023 à 10H03

D’ordinaire, certaines explications de conjoints violents frôlent le ridicule, voire l’outrage. Jason F. comparaissait ce mercredi devant le tribunal judiciaire de Saint-Denis pour des violences sur conjoint devant un enfant et en récidive commises sur son ex-compagne le 1er janvier à Saint-André. Autant dire qu’il avait intérêt à avoir des arguments de poids pour sa défense devant le président d’audience.

Mais à la barre, ses explications paraissent lunaires : « Elle a couru dans la salle de bain et elle a glissé sur un savon. Elle est tombée et s’est cognée la tête sur le lavabo« , explique-t-il pour justifier les marques sur le visage de son ex-compagne, mère de ses trois enfants. Ce sont les cris de la mère de famille qui ont poussé une voisine à appeler la police. 

« C’est une scène de dessin animé que vous me racontez là« 

« C’est une scène de dessin animé que vous me racontez là« , répond le président, léger sourire en coin. Pour autant, le prévenu n’en démord pas tout au long de l’audience. « Je vis chez ma mère mais je suis souvent chez elle pour lui donner un coup de main et m’occuper de mes enfants. Je suis resté le 31 et le 1er mais là, je voulais partir. Elle ne voulait pas et on s’est disputé. Elle a jeté une trottinette sur moi que j’ai évitée. Je reconnais que je l’ai poussée dans la chambre et elle est tombée sur le lit. Ensuite, je suis sorti. Elle m’a suivi dehors et quand j’ai voulu rentrer pour récupérer mon casque, elle a eu peur, elle est rentrée en courant dans la salle de bain… », raconte-t-il avec conviction, ajoutant que c’est lui qui s’est précipité pour panser ses blessures

Quelque peu bousculé par le ministère public, Jason reste sur la même version. « Je ne l’ai pas touchée, elle a glissé sur le savon. Quand je fais quelque chose, je le reconnais. En 2017, j’ai avoué quand je l’ai frappée et j’ai fait de la prison pour ça« .

Représentée par un avocat, la victime n’a pas souhaité déposer plainte et ne demande rien. Par la voix de sa défense, elle donne sa version : « Il y a eu une dispute, mais pas de violences particulières. Ce qu’il dit est vrai à 90%, c’est tout ce que je peux dire« , conclut la robe noire.

Alerté, le service à l’enfance est alors mandaté pour une enquête. La mère donnera la même version à l’agent éducatif : « Elle reconnait qu’elle est à l’origine de la bagarre. Elle mentionne une dispute verbale mais pas physique. Elle n’a pas fait de déposition, ni déposé plainte« . 

« Ce dossier est monté en tout point« 

Pour autant, ce n’est pas de nature à infléchir le parquet qui s’appuie sur les blessures de la victime, l’addiction à la drogue du prévenu et l’état de récidive. « L’histoire du savon est une version fantaisiste. C’est une femme qui est sous l’emprise d’un homme qui vit à ses crochets. La consommation de drogue est souvent ce qui favorise un passage à l’acte. La victime est blessée et explique clairement avoir été frappée par monsieur. Elle est en conflit de loyauté« , tance le parquet qui requiert une peine de 2 ans de prison dont 1 an de sursis probatoire ainsi que la maintien en détention.

« Ce qui est caricaturaI, c’est la manière dont ce dossier est monté », rétorque la défense. « On est tellement loin de la réalité. Je ne comprends pas ce qu’il fait là. Il y a une dispute particulièrement houleuse et c’est tout. Elle explique elle-même que c’est elle qui a commencé à le frapper et qu’elle a glissé. C’est elle qui le déclare alors qu’il est déjà en garde à vue. Il n’y a rien dans ce dossier, on est à côté de la réalité, d’autant que c’est lui qui lui porte secours« , s’insurge la robe noire qui obtient satisfaction après la délibération du tribunal. Son client obtient la relaxe.

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