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Jérôme Louault: « Caroupaye a tort de faire de la politique »

Conseil d'ami ou petit coup de pression subliminal ? Le patron de la société Louault, et de RMS à la Réunion, commente l'actualité sociale d'un client un peu spécial : Jean-Bernard Caroupaye. Il conseille à son "copain Bernard" d'arrêter de jouer les héros et de se consacrer à son activité d'entrepreneur, avant tout.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 24 juillet 2013 à 04H48

Le trublion de la FNTR est-il le nouveau robin des bois façon locale ? Jérôme Louault, dirigeant de la société du même nom en métropole – spécialiste dans la fabrication de remorques et semi-remorques – et dirigeant de Réunion Matériels Services (RMS), à la Réunion, ne le voit pas ainsi. Il implore son « client et néanmoins copain depuis 2002 », Jean-Bernard Caroupaye, de rentrer dans le rang.

« Jean-Bernard est client chez nous depuis le début », se remémore Jérôme Louault, un poids-lourd de la fabrication de matériels pour le BTP en métropole. Il débarque tout juste de Roland Garros que les murs ont des oreilles. « Le téléphone n’arrête pas de sonner », rigole-t-il. Le chef d’entreprise reste une semaine dans le département. « Une personne est informée de ma venue, puis le dit à dix autres personnes, les dix informent 100… », s’amuse-t-il. Mais c’est surtout vers Jean-Bernard Caroupaye que le chef d’entreprise « flèche » ses conseils.

« Il a un encours de quelques milliers d’euros chez nous. Il se tient à cet encours. Bien sûr qu’il n’est pas assurable d’un point de vue assurance-crédit mais du fait de la confiance que l’on a en lui et depuis le temps que l’on travaille ensemble, je lui fais confiance, il me paye régulièrement sur des règlements type 60 jours », désamorce-t-il, alors que des rumeurs faisaient état d’impayés du client Caroupaye envers RMS, notamment dans l’achat de camions. Il n’en est rien selon Jérôme Loault, si ce n’est « 4 à 5.000 euros » tout de même à régler.

« Une grande gueule, comme Mongin »

« Je pense que Bernard a tort de faire de la politique. S’il s’arrêtait de faire de la politique, ses affaires, à mon avis, iraient mieux. Je le connais depuis 2002, comme une multitude de clients réunionnais d’ailleurs, je n’ai pas honte de dire que Bernard Caroupaye est un client et un copain. Bernard est quelqu’un qui aime bien être en avant, maîtriser ses discours qui parfois sont alambiqués. Et je pense que de temps en temps, ses paroles vont plus loin que ses pensées et ça l’entraîne dans des conséquences pas calculées. Après, on est avec ou contre Bernard Caroupaye, c’est tout simplement parce qu’il est le premier à dire : « ou vous êtes avec moi ou vous êtes contre moi ». Ses idées ne sont pas forcément les meilleures, mais ne sont pas non plus les plus mauvaises pour l’île de la Réunion ». Pour Jérôme Louault, il est évident qu’à force d’être une « grande gueule », il dérange un certain nombre de personnes.

 

Il dresse un parallèle entre Caroupaye et Mongin. « Joël a les mêmes qualités et défauts que Bernard. Raison pour laquelle les affaires de Joel Mongin ne se sont jamais développées, parce qu’il parle un peu trop », juge-t-il. « Il faut quand même avoir le courage de faire ce qu’ils font. Personnellement je ne le ferais pas et je pense qu’on ne peut pas mélanger la politique et les affaires. Ils ont tort de mélanger les deux ». Au-delà des caractères bien trempés des deux bonhommes, il n’en reste pas moins que la conjoncture n’aide pas le BTP et les transporteurs à fanfaronner.

« Le problème de fond aujourd’hui, c’est que s’il y avait plus de travail, toutes ces personnes, et notamment Bernard Caroupaye, auraient beaucoup plus d’argent dans leurs poches ! Bernard a une PME, il n’a pas de multi-nationale ! Il est entouré de sa famille mais une entreprise familiale, quand son chef d’entreprise n’est pas à sa tête, y’a un moment où ça ne va plus », en référence à l’omniprésence du représentant de la FNTR dans l’actualité.

La route du littoral en mer : le « plus mauvais choix » pour le BTP

Le brossage de portraits sans concession qu’il fait de ses connaissances vaut pour les élus de notre département.

« Les politiques doivent anticiper l’activité. Or, aujourd’hui, le changement de couleur politique fait que l’île est dans une cocotte minute. Il y a 30% de chômage. Il fallait une continuité des travaux sur l’île après la route des tamarins. Alors que le tram-train était proposé par les communistes, l’UMP arrive et dit : on n’en veut plus ! Il faut savoir que ça va coûter des dizaines de millions d’euros d’annulation. On n’a pas trop le droit de le dire mais Il y aura de la compensation sur les appels d’offres pour éviter que les entreprises réunionnaises qui ont eu des pertes d’exploitation liées à cet abandon de tram-train, aient une compensation sur la route du littoral. Si les politiques avaient anticipé, on aurait fini la route des tamarins, le tram-train, la route du littoral puis on avait le tunnel des trois virages à faire (de Saint-Benoît au Tampon). On en avait pour 20 ans de travaux à l’île de la Réunion. On dit que ça va coûter de l’argent. C’est faux, ça va générer de l’emploi. Qui dit emploi dit impôt, ce qui génère aussi de la consommation. En arrêtant les travaux, on a généré du chômage et donc du social. C’est le cercle vicieux connu par la métropole et les Dom-Tom actuellement. Ce n’est pas le social qui sauvera notre économie. Aujourd’hui, on ne pense plus qu’à comment allons-nous obtenir des bulletins de vote aux prochaines élections au travers du social », déplore l’intéressé.

En passant, il braque son oeil d’observateur régulier de la vie locale dans le choix du tracé en mer de la route du littoral. « Le choix du tracé est le plus mauvais pour les Réunionnais. C’est une idiotie de passer par la mer, ça n’arrange que quelques personnes. L’intérêt de la faire sur la montagne, c’est qu’on avait tous les matériels à l’île de la Réunion. La route du littoral va générer très peu d’emploi pour les Réunionnais », tire t-il de son expérience dans le milieu.

——–
RMS est installée depuis fin 2005 à la Réunion, avec deux associés issus du groupe Caillé. Jérôme Louault est le propriétaire de RMS. Réunion Matériels Services a fait venir les marques Hitachi et Man à la Réunion. Elle compte une vingtaine de salariés. Lors du dernier exercice, la société a réalisé 6,5 millions de CA. En métropole, le groupe (partie remorques) embauche 110 salariés plus une quarantaine en Bulgarie. Son chiffre d’affaires : 15 millions d’euros.

 

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