On s’en souvient encore des ses premiers succès “[Ti fleur fané]url:https://youtu.be/mdiH7jlyU2o ” “[Reviens, je t’aime]url:https://youtu.be/ZJ5-YVMtZew ”, “[Et je déteste ma jeunesse]url:https://youtu.be/39V1P4-Ujag ” ou encore “[Grillé pistache]url:https://youtu.be/z5nFX02fFHM ” ou “[N’attends pas qu’il ferme les yeux”]url:https://youtu.be/WsWB9onrmU4 . De belles mélodies qui ont fait de Jean-Pierre Boyer, le crooner de ses dames. Mais savez-vous vraiment qui est ce Réunionnais de mérite ?
Attiré par la musique
Jean-Pierre est un artiste auteur-compositeur et interprète réunionnais, né en 1952 à Saint-Denis, au sein d’une famille des plus pauvres. Très tôt, le père les abandonne. La mère élève ses enfants comme elle peut, au sein d’un des bidonvilles les plus affreux de l’île, derrière le cinéma Rio.
“J’ai fréquenté l’Ecole Centrale jusqu’à mes 14 ans mais ce n’était pas mon truc. Depuis mon enfance, je suis attiré par la musique”, confie-t-il.
Il gratte d’instinct une vieille guitare dénichée dans un coin de rue et se met à chanter ce qu’il entend sur le vieux transistor familial. Il a la chance d’être entendu par des musiciens de bals qui l’invitent bientôt à s’exprimer sur scène dans les bals-mariages et bals du samedi. Son rayon d’action, la chanson sentimentale, devient vite sa marque de fabrique, mâtinée de séga. Il ne se reniera jamais.
Force, courage et drame
Voulant à toute force travailler et sortir les siens de la misère, Jean-Pierre s’inscrit chez les OAA (orphelins apprentis d’Auteuil) qui l’expédient en stage d’électricité à la Sakay par l’entremise du Bumidom. Trois mois de Sakay, retour à La Réunion puis départ pour la France pour toute la famille. Jean-Pierre se confronte à plusieurs boulots en attendant de trouver sa voie. Un drame affreux vient assombrir l’horizon familial…
« Ma sœur est tombée amoureuse d’un jeune juif. Tous les deux envisageaient le mariage mais la famille du garçon ne voulait rien savoir : ma sœur catholique se proposa d’adopter la religion juive car son amour allait au-delà de tout. Malheureusement, la famille du garçon refusa et désespérée, elle mit fin à ses jours. Un destin brisé trop tôt”, dit-il avec les larmes aux yeux.
Ti pas, ti pas va arriver
Jean-Pierre entre à AP-HP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris) comme soudeur et finit, quelques décennies après, en qualité de responsable de service de la signalétique de tous les AP-HP de la capitale (signalétique : les bandes colorées et flèches au sol, les pancartes murales désignant les différents services, l’adresse des spécialistes, les panneaux d’évacuation d’urgence etc.). Cette spécialité, méconnue, est un facteur essentiel de la convivialité des hôpitaux et la convivialité, Jean-Pierre l’a dans la peau.
Tandis qu’il s’installe dans sa profession, il n’oublie pas sa passion première, le séga. “Pendant des dizaines d’années, semaine après semaine, j’ai sillonné la France pour aller dans les bals du samedi soir organisés ici ou là. Dès la fin de mon service aux hôpitaux, le vendredi soir, cassette play-back d’orchestre en poche, je sautais dans le premier train en direction de Toulouse, Rennes, Colombey, Trifouillies-les-Oies… pour retrouver mon public”.
Dans le même temps, il enregistre et publie… seul, sans jamais solliciter aucune aide. Vinyles, K7, CD, il a tout financé de sa poche.
Jules Bénard, écrivain réunionnais, parle de lui avec émotion : “Lorsque je fus mis en contact avec Jean-Pierre Boyer par l’entremise d’André-Maurice Maunier, « LE » connaisseur ès-musique créole, j’en fus ravi. Le chanteur voulait que quelqu’un écrive l’histoire de sa vie ; j’avais besoin de pognon comme d’hab’. Je ne savais pas alors qu’il avait eu une existence aussi riche… avec des contrecoups dramatiques. Ni que j’allais me faire un tel ami ».
Il poursuit : « J’ai eu l’occasion de l’accompagner au hasard de quelques pérégrinations ici ou là. C’est incroyable : dès qu’il s’arrête quelque part, il y a illico nombre de gens, jeunes ou moins jeunes, qui entourent sa bagnole. Sourire en bandoulière, il ne refuse aucune main tendue ; il répond à toutes les questions. Ce n’est pas une attitude convenue ; il est comme ça, notre JP : gentillesse, convivialité, bavardage à bâtons rompus, moucatage rieur, partage… On comprend mieux alors pourquoi sa popularité ne doit rien au hasard, encore moins à des réflexes professionnalistes. JP est un ‘Créole de base’ généreux, né dans la misère effroyable d’un bidonville, se hissant aux ‘Maracas d’Or’ et à un métier d’importance, qui a su ne jamais oublier d’où il venait”.
40 ans de carrière et un best of en préparation
Cette année, le seul désir de Jean-Pierre Boyer est de fêter ses 40 ans de carrière. Des années riches en rencontres et en émotions. Et même si elle a été parsemée de drames, jamais il n’a baissé les bras. La musique a toujours été son leitmotiv et dans chacune de ces compositions, c’est un peu de son cœur que l’on retrouve.
“Je prépare un best of de mes ségas pour montrer à mon public que j’ai deux cordes à mon arc. Merci à mon public pour cette longévité et leur fidélité. Mi y’aime zote toute”.
Retrouver le crooner le 9 octobre prochain au Téat Champ Fleuri à Saint Denis à partir de 20h, pour une séquence émotion.
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