L’affaire concerne l’achat de la case « Moutien » par la mairie en 2019. Alors que Jean-Paul Virapoullé est encore maire de la ville, la maison appartenant à se cousine, est vendue à 1,4 million d’euros. Mais selon le conseiller municipal de l’opposition, Joé Bédier, elle devait être vendue aux enchères à seulement 630.000 euros. Cette vente avait été annulée.
L’ancien maire s’explique donc les liens de parenté avec les héritiers de la maison. En effet, sa cousine est décédée en 2011, laissant des petits cousins au 5edegré avec ce bien immobilier. S’agit-il donc de prise illégale d’intérêts si les bénéficiaires ne sont ni des ascendants, descendants ou parents du deuxième degré ? De plus, les dettes à combler seraient importantes, limitant ainsi le bénéfice de la vente. Et devant la justice, Jean-Paul Virapoullé affirme n’avoir « aucun lien affectif » avec le cousin concerné. « On ne se fréquente pas, on n’a pas les mêmes valeurs, à aucun moment j’ai voulu lui rendre service », ajoute-t-il.
Jean-Paul Virapoullé explique également que la mairie n’était pas prioritaire dans cette vente et que le prix avait été validé par l’Etablissement public foncier de la Réunion. Mais des mails et courriers interpellent le président d’audience, Bernard Molié, car ils impliquent l’ancien maire dans les négociations de prix au m2. « Vous êtes un vieux routier, un renard rusé », affirme le président. « Même un dinosaure », répond avec humour le prévenu. « Mais les choses ont changé, poursuit Bernard Molié, il y a davantage de transparence dans la vie politique. Il n’y a pas beaucoup d’éléments à charge dans ce dossier, mais ce courrier de 2018 (courrier d’offre d’achat du 13 décembre 2018 adressé à son cousin pour un montant de 1,454 million d’euros, ndlr), pourquoi vous apparaissez sur ce courrier en tant que maire? » – « Une erreur d’appréciation en prenant acte de la photocopie du courrier », avoue Jean-Paul Virapoullé.
Mais le procureur, Eric Tuffery, n’y croit pas. Après avoir affirmé son estime pour l’ancien maire et rappelé « sa brillante mécanique intellectuelle », il a assuré que qu’« il connait les poids des mots, connait les dossiers parfois mieux que ses services ». Facile, donc, d’affirmer que Jean-Paul Virapoullé a « toujours lu jusqu’à la dernière lettre, avant de signer un document ». Pour Eric Tuffery, tout a été réalisé « derrière le rideau » et non « de façon grossière comme en étant présent au conseil municipal votant à ce sujet ». Concernant le lien de parenté avec ses cousins, « à La Réunion, la famille a un autre sens qu’en métropole et sa cousine était sa marraine et ça a son importance ici ».
Une peine de 50 000 euros d’amende a été requise, non assortie d’une peine d’inéligibilité, Jean-Paul Virapoullé étant âgé de 76 ans.