Alors que la question de la légalisation de l’euthanasie traverse à nouveau notre société, les élus du Sénat ont une nouvelle fois rejeté toute brèche en ce sens mardi dernier dans un vote malgré tout serré. Un vote qui témoigne de la complexité du problème et des divisions au sein même des groupes parlementaires.
De façon très ironique, Jean-Louis Gironès, délégué régional de l’ADMD (association Droit de Mourir dans la Dignité), évoque ce refus du Parlement de franchir ce pas décisif vers une mort accompagnée : « Il fallait s’attendre à cette levée de boucliers contre une loi qui ne concernera que ceux qui souhaitent partir et uniquement eux. Il ne sera pas question d’aider ceux qui n’auraient rien demandé, et ceux qui en ont fait la demande pourront se rétracter à la dernière seconde, on ne les tuera pas pour autant ».
« La notion de dignité reste toujours très personnelle »
Pour le délégué régional de l’association Droit de Mourir dans la Dignité, la loi Leonetti de 2005 et qui prévaut toujours doit encore plus déployer ses outils. « Avant de crier au crime, on ferait mieux de généraliser les soins palliatifs dans tous les hôpitaux, et je reste persuadé que la demande de partir sera moindre, la douleur et le sentiment d’indignité seront atténués. Mais pour ceux qui en auront fait la demande dans le cadre légal, alors ceux-là devront être aidés à partir. La notion de dignité reste toujours très personnelle, personne ne peut définir celle d’autrui ».
L’ADMD locale continue donc de militer pour un droit à partir, mais de façon concertée, pour en finir avec ce tabou. « Assez de ces peurs entretenues d’une possibilité d’euthanasie généralisée ! Nous ne sommes pas sous le 3° Reich, et aucun médecin digne de cet honorable nom n’est un tueur patenté ! », insiste Jean-Louis Gironès.
Pourquoi les soins palliatifs seraient-ils la seule solution ?
« Aider à partir, c’est un geste d’humanité, comme aider un aveugle à traverser une rue. Et si l’aveugle ne veut pas traverser, qu’il reste donc sur le trottoir, c’est son droit le plus strict ! », argumente le délégué régional.
Mardi, en ouverture des débats, Jean-Pierre Godefroy, rapporteur de la commission des affaires sociales, relevait que la question de la légalisation de l’euthanasie « agite la société, et notre assemblée, depuis 30 ans. L’assistance médicalisée donne à l’individu la possibilité de choisir les conditions de sa fin de vie. Pourquoi les soins palliatifs seraient-ils la seule solution offerte en fin de vie ? Quid de ceux qui décident de n’en pas recevoir ? La lutte contre la douleur est primordiale : la volonté de vivre doit primer sur la mort. La loi Leonetti de 2005 a marqué une avancée significative. Mais pour certains, cette possibilité ne suffit pas. Ils veulent par leur volonté éclairée, une assistance pour mourir ».
Preuve supplémentaire que le débat, dans les deux hémicycles parlementaires, est loin d’être clos.