Je me permets de t’appeler Jean-Hugues, et non pas Monsieur le Député, parce-qu’on se connait bien. Et que tu sais que je t’apprécie beaucoup. J’ai cru comprendre que c’était réciproque.
C’est cette amitié qui fait que je m’autorise à être direct avec toi, comme je l’ai toujours fait, mais cette fois-ci publiquement parce que l’heure est grave.
J’ai mes opinions, tu as les tiennes, et je les respecte. Mais là, je me dois de te dire que tu vas trop loin.
Comment peux-tu penser que le préfet serait assez machiavélique pour avoir organisé une asphyxie volontaire des Réunionnais en gaz.
Comme je te connais, et que je sais que tu es quelqu’un de sincère, je mettrai ça sur la fougue de ta jeunesse, sur ton inexpérience comme député.
Si tu t’étais donné la peine de te renseigner, tu aurais découvert qu’il y a un vrai problème de peur chez les chauffeurs, dont plusieurs se sont fait agresser, la nuit, quand ils approvisionnent sous escorte les magasins ou les stations-services de l’ile.
Et que le gaz, du fait que c’est une matière hautement explosive, présente en outre une vraie dangerosité, pour les chauffeurs, pour les éventuels assaillants et pour toutes les personnes qui pourraient se trouver à proximité.
C’est donc à bon droit que le préfet a pris cette décision.
Le problème, c’est que tout à l’heure quand tu t’es exprimé, c’est le député de la République française qui s’est exprimé. Ce n’est plus le Jean-Hugues Ratenon, responsable d’une association de défense des plus démunis.
Ce titre te confère un pouvoir, des responsabilités qui font que tu devrais chaque fois tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de t’exprimer.
On dit qu’on apprend de ses erreurs.
Je souhaite sincèrement que ce dérapage te serve de leçon à l’avenir. A toi de trouver un moyen adroit pour revenir sur ce que tu as dit, histoire de calmer le jeu, sans pour autant te déjuger.
La situation est très tendue. Tout ne tient qu’à un fil. Quand on est sûr de quelque chose, il faut le dire. C’est ce que j’ai fait cette nuit et ce matin. Mais il faut le faire après s’être bien renseigné. Surtout que la parole d’un député porte beaucoup plus que celle d’un journaliste.
Allez, sans rancune…