Pourquoi donc, cher Monsieur, tant de morgue dans cette tribune ? Pourquoi serions-nous donc, autoritairement, disqualifiés pour juger de la politique régionale ? Au motif que nous serions des « incapables à lire et à comprendre les chiffres » ? Ben voyons ! Mais, ils sont où précisément ces fameux textes et chiffres ? Ou au motif que nous méconnaîtrions « les fondamentaux de l’économie réunionnaise » et même « ses enjeux » ! Mais alors, qui donc serait habilité à définir « ces fondamentaux » et ces « enjeux » ? Le seul (mais pas l’unique !) économiste Philippe Jean-Pierre ? Quelle est donc cette « stratégie régionale » « validée par le gouvernement » à laquelle Monsieur l’apologiste régional fait allusion ? Est-ce alors à dire que cette « stratégie » se résume aux accords de Matignon sur la NRL ?
Nous concèderons volontiers que le groupe socialiste du Conseil régional n’a pas été des plus lisibles sous ce mandat mais nous ne comprenons pas ce qui peut, en démocratie représentative, et dans un esprit aussi éclairé que le vôtre, vous permettre d’entacher la responsabilité d’Huguette Bello qui ne disposait ni de près, ni de loin d’un quelconque mandat d’ingérence envers cette collectivité.
Si, par ailleurs, nous pouvons objectivement admettre qu’il faille une maîtrise de certaine technicité et donc qu’il faille détenir certaines d’aptitudes pour concevoir les dossiers, les resituer dans la multiplicité des contextes, les suivre, les mettre en œuvre, nous ne pensons tout de même pas que, y compris « dans un monde qui change vite », la démocratie doivent aller jusqu’à se réduire à des « sachant » qui, étrangement, considèrent que les « appuis financiers et stratégiques de la BPI, la CDC, l’AFD et la BEI aux projets » comme des cautions de leurs politiques !
Pour nous, vulgum pecus, la démocratie n’exclut personne et reconnaît, dans sa version républicaine et décentralisée, l’autonomie des collectivités donc le pouvoir d’opportunité. De fait, le pouvoir central garantit logiquement toutes sortes d’outils nationaux et européens pour les mises en œuvre, sans jugement, de ces politiques locales. Car si l’indigence régionale est, à vos yeux de dévot, devenue « l’intelligence politique régionale », la démocratie reste bien plus vertueuse, selon nous les gueux, que la technocratie !
Nous découvrons que la collectivité aurait délibérément, pour des raisons « conjoncturelles », « soutenu la consommation des ménages (sans doute le POP et la continuité territoriale), soutenu les entreprises et les investissements des communes (le plan de recyclage des crédits régionaux) » … en sortant le chéquier ! Un gouvernement bis, quoi … qui fait dans la contra-cyclicité ! A tel point, à vous entendre, que La Réunion serait, en 2015, en confiance du fait d’un « environnement économique favorable au fonctionnement de toutes les entreprises » !
Là aussi, les enquêtes de satisfaction officielle nous ont complètement échappé. Ce que notre chantre n’a hélas pas compris c’est que refiler l’argent aux autres et déléguer une pensée globale à des bureaux d’études (plan d’aide aux logements, réduction du chômage, zones d’activités, …) ne signifient pas faire des arbitrages et surtout agir de manière efficace localement.
L’opérationnalité du maître d’ouvrage régional n’est tout simplement que très peu au rendez-vous – et ça c’est objectif ! – et les renoncements (ferré, énergies renouvelables, culture, …) laisseront, quoique vous puissiez prétendre du haut de votre suffisance, un lourd tribut à toute la société.
La Possession
