« L’économie ne pourra pas redémarrer en faisant prendre des risques à nos enfants et à tous ceux qui œuvrent pour le bon fonctionnement des établissements scolaires ».
Dans un courrier adressé au recteur et au préfet de La Réunion, le député de la 5e circonscription Jean-Hugues Ratenon propose au premier un débat avec l’ensemble des acteurs du milieu scolaire concernant les inquiétudes « légitimes » sur la rentrée scolaire annoncée le 14 mai prochain dans l’île. « N’annoncez pas votre décision unilatérale avant même de débuter le débat », lance le parlementaire à Vêlayoudom Marimoutou.
Monsieur le Recteur,
L’annonce du Chef de l’Etat de rouvrir les crèches, écoles, collèges et lycées à partir du 11 mai laisse perplexe et provoque plus de peur que de soulagement. Beaucoup redoutant une deuxième vague de l’épidémie plus grave que la première.
En effet, quelles garanties, quelles mesures pour que tous les élèves, professeurs, personnels communaux, chauffeurs de bus, surveillants, etc…travaillent dans des conditions maximales de sécurité sanitaire ?Comment faire respecter les gestes barrières à nos marmailles dans les classes, les cantines, les cours de récréation ?
Comment faire respecter la distanciation dans les transports scolaires ?
Comment gérer l’arrivée et les départs des parents qui déposent et récupèrent leurs enfants ?Autant de questions qui poussent certains à se regrouper pour un « 11 mai sans moi » et qui trouve aussi écho à La Réunion.
Le Ministre Jean Michel Blanquer a parlé de « reprise progressive », « pas de grands groupes dans les classes », « priorité aux publics les plus fragiles, aux élèves en difficultés » ; et s’est donné 2 semaines pour établir de grands aménagements en concertation avec tous les acteurs de l’Education.
Il a indiqué également que chaque Académie pourra prendre des décisions en fonction des situations locales. Autrement dit, nous pouvons décider par nous même de ce qu’il convient de faire. Annoncer comme vous l’avez fait d’une rentrée scolaire stricte et obligatoire dès le 14 mai est inacceptable et va à l’encontre du dialogue social, de la démocratie participative et de la santé de tous.
Vous ne pouvez pas dire que vous allez rencontrer tous les partenaires et dans le même temps affirmer que votre décision est déjà prise. La rentrée doit se faire uniquement après avoir échangé et écouté les points de vue des uns et des autres pour parvenir à une décision collégiale. Cela s’appelle la démocratie, la concertation.
C’est pourquoi Monsieur le Recteur, je vous propose d’organiser une vraie conférence débat, par tous les moyens technologiques modernes, avec tous les syndicats de l’Education Nationale, tous les représentants des parents d’élèves, les responsables des intercommunalités, les Collectivités, afin de définir une rentrée adaptée à la Réunion avec toutes les mesures de sécurité. N’annoncez pas votre conclusion unilatérale avant même de débuter le débat.
Je ne veux pas donner du crédit à l’idée qui circule dans l’opinion : « le Président veut envoyer nos enfants à l’école pour libérer les parents qui devront alors retourner travailler ».
L’économie ne pourra pas redémarrer en faisant prendre des risques à nos enfants et à tous ceux qui œuvrent pour le bon fonctionnement des établissements scolaires.
Ne pas prendre en considération ces inquiétudes légitimes, c’est à considérer qu’une concertation entre les acteurs de la Réunion ne peut pas nous conduire vers une solution acceptable et acceptée par tous.
Espérant que mon courrier retiendra votre attention, je vous prie de croire Monsieur le Recteur, en ma parfaite considération.