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Jean-Hugues Ratenon : La crise à Mayotte « va impacter La Réunion »

La situation à Mayotte, paralysée depuis trois semaines par d’importants mouvements de contestation, inquiète Jean-Hugues Ratenon. En présence du collectif mahorais Ré-Ma, le député de la 5e circonscription, a relevé ce matin devant les grilles de la préfecture le « silence assourdissant » des élus réunionnais sur une « crise qui va impacter La Réunion ». Pour rappel, les […]

Ecrit par SI – le dimanche 11 mars 2018 à 17H19

La situation à Mayotte, paralysée depuis trois semaines par d’importants mouvements de contestation, inquiète Jean-Hugues Ratenon. En présence du collectif mahorais Ré-Ma, le député de la 5e circonscription, a relevé ce matin devant les grilles de la préfecture le « silence assourdissant » des élus réunionnais sur une « crise qui va impacter La Réunion ».

Pour rappel, les habitants de Mayotte se mobilisent depuis février contre l’insécurité grandissante et réclament plus de moyens dans l’île aux Parfums. « Mayotte est le territoire le plus pauvre d’Europe, et c’est un territoire français », lance Jean-Hugues Ratenon.

Pour le député réunionnais, le gouvernement doit dès à présent lancer un plan de rattrapage afin d’éviter une explosion sociale « qui pointe le bout de son nez ». « À Mayotte, un tiers des habitations sont des bangas(NDLR : petites cases en bois sous tôle) et 17% de la population n’a pas accès à l’eau potable. Au niveau des écoles, l’Etat investit 273 euros par enfant et par an contre 540 euros sur le territoire métropolitain. Autre chiffre : la dotation globale des collectivités est de 136 euros par habitant contre 440 euros à La Réunion, elle même en retard par rapport à la métropole. Il y a une volonté manifeste de maintenir les gens dans la précarité », assure-t-il.

Jean-Hugues Ratenon s’émeut également de la situation des quelques milliers d’enfants abandonnés dans l’île. « Entre 7.000 et 10.000 enfants sont abandonnés sur ce territoire français, soit de parents décédés en mer, soit dont les parents ont été expulsés. Ces enfants, livrés à eux-mêmes et dont une bonne partie ne sont pas scolarisés, tombent facilement dans la délinquance », poursuit le Panonais.

Jean-Hugues Ratenon craint que la situation mahoraise n’ait des répercussions directes à La Réunion. Des répercussions « que ne semblent pas anticiper les élus locaux ». « Comment se fait-il que la classe politique réunionnaise soit absente de ce débat ? », s’emporte le parlementaire, qui trouve « impressionnant » le « silence radio » des élus et des collectivités de La Réunion. « C’est l’avenir de l’océan Indien qui est en jeu. D’ailleurs, quelle est la position de la Commission de l’océan Indien à ce sujet ? On ne peut pas parler de co-développement de notre environnement régional alors que dans le même temps, il y a une crise sans précédent à Mayotte », clame Jean-Hugues Ratenon.
 

« Il faut se mettre à la place des familles mahoraises. Pour fuir l’insécurité et le manque d’infrastructures, nombre d’entre elles sont obligées de quitter leur île pour aller soit en métropole, soit à La Réunion. Et ici, nous souffrons déjà d’un chômage massif et d’un manque criant de logements. Il faut agir à la racine des problèmes. Nous sommes obligés de regarder ce qui se passe à Mayotte. Sinon, tôt ou tard, cela va nous retomber dessus ».
 

À ce titre, le député demande aux gouvernements, français et comoriens de « prendre leurs responsabilités ». À Paris, il demande la construction de plus d’écoles pour dit-il, « stopper les usines de fabrication de la délinquance » ainsi que la mise en place d’une « bonne politique de sécurité avec des agents de médiation et des renforts pour les forces de l’ordre ». Enfin, il réclame « une réelle » politique de coopération avec les Comores, « afin de créer les conditions pour que les Comoriens restent sur place« . « Je demande également à la COI d’agir et de cesser de faire des sommets pour manger des petits fours et boire des ti punchs comme si rien n’était », termine-t-il.

Jean-Hugues Ratenon est rejoint dans son analyse par Amina, membre du collectif Ré-Ma. « Mayotte est devenu un point de passage vers l’Europe dans le canal du Mozambique. L’immigration clandestine massive ne concerne pas uniquement les Comoriens qui fuient la misère. Dernièrement, de plus en plus de Chinois ou de Syriens transitent par Mayotte. Nous voulons la sécurisation des côtes mahoraises pour sécuriser la France », explique-t-elle.

Amina critique sévèrement l’attitude de l’Etat comorien qui « ne fait rien » pour empêcher le départ de ses ressortissants vers Mayotte. « Bien au contraire », affirme-t-elle : « l’État comorien laisse ses ressortissants risquer leurs vies sur des kwassa kwassa en leur faisant croire que Mayotte c’est chez eux et qu’ils peuvent aller s’enrichir. Les passes de clandestins rapportent en moyenne plus de 1.000 à leurs commanditaires. Et ce n’est pas n’importe qui organise ces passes… À qui profite le crime ? », s’interroge-t-elle.

Elle ajoute : « le Mahorais accueille toute la misère du monde chez lui. Dans le même temps, il est obligé de fuir son île face à l’insécurité grandissante ».

La France n’est pas épargnée par les critiques d’Amina. Pour elle, le gouvernement est aussi « coupable » que l’Union des Comores dans cette crise. « Les Mahorais ne demandent pas à ce que l’on touche à leur statut. Pourquoi au lieu de résoudre les problèmes d’insécurité, d’immigration clandestine ou encore de trafic d’êtres humains, la ministre Annick Girardin vient nous parler de ‘toilettage’ du statut de département de Mayotte ? Les Mahorais ont déjà donné leur avis sur la question », termine-t-elle.

 

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