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Jean-Alain Cadet: Une unité d’incinération des déchets-CSR appelée « UVE »

La concertation publique sur le projet d’Ileva de création d’un pôle multifilière de valorisation des déchets s’est terminée jeudi 12 décembre dernier. Pour Jean-Alain Cadet, écologiste qui a rejoint la majorité régionale opposée au projet, l’unité d’incinération aura des conséquences environnementales, sanitaires et financières :

Ecrit par Nicolas Payet – le lundi 16 décembre 2019 à 10H13
L’incinérateur-UVE : Un projet coûteux, risqué avec des incertitudes financières !

Le scénario d’un projet incluant un UVE à 404 millions d’euros arrêté par Ileva en matière de gestion des déchets manque de bon sens et de cohérence sur le plan financier, environnemental et social, alors que nous avons là une opportunité de développer un véritable modèle réunionnais de gestion durable des déchets basé sur les principes de prévention, de réutilisation et de recyclage et une démarche de responsabilisation, d’initiative et d’innovation.

Ainsi d’un point de vu financier, le projet d’ILEVA repose sur :

– Un financement sur fond européen (FEDER) de 18,5 millions d’euros, un financement de l’État à travers l’Ademe de 14 millions d’euros, un emprunt pour un montant de 190 millions d’euros à la Caisse des Dépôts & Consignation (CDC) sur 30 ans, nous pouvons nous interroger sur le coup d’exploitation et de maintenance qui représente 154 millions d’euros HT en plus des 250 millions d’investissement : qui supportera cette facture ? Entraînera-t-elle une augmentation des impôts des habitants du sud et de l’ouest de notre île ?
Est- il cohérent de mettre en œuvre un modèle industriel qui incite les administrés à produire des déchets au lieu de les diminuer ? Comment peut-on sérieusement envisager la mise en place d’une politique efficace pour la diminution de déchets -sensibilisation, réutilisation et le recyclage- alors qu’il faudra “nourrir la bête” pour garantir le seuil de rentabilité initial de 130 000 tonnes de déchets. À moins que les responsables aient prévus d’acheter les déchets des pays de la zone et faire de La Réunion la poubelle de l’Océan Indien ? La question se pose.

Il y a dans ce dossier une absence de garanties et de grandes incertitudes financières :

– Alors que le marché a été attribué, nous n’avons pas connaissance d’une quelconque délibération de la Commission Régulation des Énergies (CRE) sur le tarif de rachat d’électricité par EDF-SEI… Pire encore, le Président de la CRE affirme :  » s’agissant d’un achat de gré à gré avec EDF- SEI, il ne lui [était] pas possible d’autoriser EDF-SEI à procéder à l’achat de l’électricité produite dès lors que le projet ne serait pas dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie » allant jusqu’à conseiller ILEVA « de ne pas signer le marché » !

Rappelons également que la Région Réunion, autorité de gestion des fonds européens FEDER a annulé les crédits FEDER pour le projet d’UVE. ILEVA aurait-elle pris le risque de signer l’attribution d’un marché de plusieurs centaines de millions d’euros sans avoir préalablement garanti son financement ? En signant l’attribution du marché, ILEVA tente-t-elle un passage en force, un coup de poker avec l’argent des contribuables ?
 

 

L’incinérateur-UVE : des impacts sur notre santé et notre cadre de vie !

Concernant les Unités de Valorisation Énergétique, citons les propos d’un spécialiste, le professeur Belpomme, médecin cancérologue et éminent chercheur, dans une tribune libre adressée aux médias mauriciens au sujet d’un projet d’incinérateur à l’île Maurice affirme que l’incinération des déchets  » est un procédé nuisible au plan sanitaire et environnemental […] dans une île qui par définition possède des ressources limitées en terres arables et en eau douce. […] Le procédé est de plus absurde au plan socio-économique car coûteux et destructeur d’emplois ». Il disait notamment » la facture à payer pour les habitants de l’Île risquerait d’être lourde, au plan de leur santé et même de l’avenir de leurs enfants et petits-enfants dans l’île « .

Par ailleurs, poursuit-il, « les données scientifiques actuelles démontrent clairement que le risque de leucémie aiguë et de cancer est plus élevé à proximité d’un incinérateur. Rien n’indique, sur le plan scientifique, que la mise aux normes pour les dioxines diminuera ce risque. Étant donné la nature de très nombreuses substances polluantes résultant de la combustion, un risque majoré de malformations congénitales chez les enfants et de stérilité, lié à l’incinération, ne peut-être écarté, en l’état actuel des connaissances scientifiques ».

L’incinérateur-UVE de Saint-Pierre : une mauvaise solution au vrai problème de l’enfouissement

Il est à noter que si l’UVE venait à être construit, 50 000 tonnes de déchets seraient encore enfouies ! dont environ 10 000 tonnes issues de l’incinérateur tels les mâchefer. Pire, d’autres nouveaux déchets plus dangereux encore seront créés par ce procédé d’Incinération des Déchets-CSR : les REFIOM ou Résidus de Fumée d’Incinération des Ordures Ménagères, près de 5 500 tonnes par an ! Ces résidus extrêmement dangereux et nocifs pour la Santé et l’Environnement doivent être « stockés » dans des installations ultra- sécurisées et imperméables, installations que La Réunion ne dispose pas.

Concernant l’impact social, l’Incinérateur-UVE brûle non seulement des déchets mais également l’opportunité de créer de nombreux emplois durables pour les Réunionnais-es ! Alors que l’incinération créé un emploi, le recyclage en créé 6 à 12 fois plus ! 62 emplois directs annoncés pour un coût total de 404 M€ TTC alors qu’investir cette somme pharaonique dans un tri performant associé à desressourceries/recycleries à proximité de déchetteries pourrait créer plusieurs milliers d’emplois dans la réparation et le recyclage !

La problématique de la gestion des déchets peut devenir une opportunité si nous apportons une solution durable par une gestion en amont au travers de la prévention, réutilisation et recyclage. Avec une réelle volonté politique, la responsabilisation du monde économique et des citoyens, le développement de l’esprit d’initiative et participatif et enfin l’innovation, nous pouvons du fait de notre insularité tendre au concept “zéro déchet” enfoui ou incinéré ! Car les véritables solutions sont là :

– Osons réduire, voire, supprimer nos emballages
– Osons aider et accompagner les entreprises et associations dans leurs projets de conversion écologique.
– Osons valoriser la matière par le recyclage, le compostage et la gazéification pour les déchets ultimes.
– Osons inscrire dans la conscience collective que le meilleur des déchets est celui qu’on ne produit pas.

Ce choix relève du bon sens, La Réunion portera son propre modèle durable pour la gestion de ses déchets pour un cadre de vie plus propre, plus sain pour nous-mêmes et les générations futures !

Je dis NON à la création d’un INCINERATEUR-UVE à Saint-Pierre et j’invite le gouvernement à mettre un moratoire de 2 ans afin de laisser à tous les protagonistes (élus, population, entreprises, gouvernement…) le temps de trouver une solution acceptable pour tous et qui place La Réunion dans le sens de l’histoire.

Jean Alain Cadet, membre du conseil national de Génération Écologie, conseiller régional de La Réunion, Tamponnais. 

 

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