A l’initiative de Filip Baret, la commune de Saint-Paul a organisé un festival musical de haute volée, les samedi 6 et dimanche 7 octobre. Le grand mérite de l’affaire a été de prouver, si besoin était encore, que le jazz made in Réunion est une musique vivante. Une musique faite par et pour des passionnés. Il est simplement dommage qu’un plus grand public ne vienne pas y assister car c’est en de telles circonstances, que se juge le niveau musical d’un pays.
Niveau des exécutants d’abord et là, on ne peut que s’émerveiller devant la qualité des interprètes. Tous donnent, au travers de leurs prestations successives (mais trop rares à notre goût), la preuve d’un talent fou conjugué à un travail sans relâche. Car, ainsi que le disait Brassens : « Le talent sans la technique n’est rien qu’une sale manie ! »
Niveau du public ensuite, mais là, le constat est plus alarmant. Il nous faut admettre une fois de plus que le compte n’y est pas. Un public qui s’extasie, qui danse sur les gradins du Théâtre de Plein-Air devant les médiocres prestations de minables tâcherons qui répètent cent-cinquante fois « Mi aim rougail tomate » mais dédaignent la haute valeur d’artistes qui se situent aisément à plusieurs coudées au-dessus de la moyenne.
Pendant ces deux jours, nous avons eu droit, excusez du peu, à :
Cajou Trio du génial Mahé Déra ; Marius Fontaine ; Teddy Baptiste, un peu plus fort à chaque nouvelle prestation ; et au groupe Orphée qui compte en son sein des interprètes aussi pointus que Gessica et Angélique (voix envoûtantes et physiques de rêve), Eric Avane (un de nos tous meilleurs claviers, tous genres confondus), David Félix, incollable à la Basse, et Harry Pitou, guitariste inspiré s’il en fût, qui, comme son collègue et ami Teddy, ne cesse de progresser.
Tout ça pour dire qu’on a la musique qu’on mérite. Et que si on ne veut pas que cette bonne musique-là se délite dans les méandres de l’indifférence, il faut aller encourager ces musiciens à chacune de leurs prestations.