Laurent E. est « amoureux », tellement qu’il n’hésite pas à le crier à la barre du tribunal judiciaire de Saint-Denis : « J’avoue je suis très amoureux d’elle comme au premier jour. Je suis accroc, je l’aime je la veux pour moi tout seul ! ». Pas de quoi émouvoir la procureure de la République qui lui répond instantanément : « Elle a peur, vous comprenez ? A quel moment vous comprenez quand elle dit non ? ».
Présente à l’audience, la jeune femme apeurée parvient tout de même à s’exprimer : « Je ne voulais pas en arriver là mais j’ai des enfants, il ne m’a pas laissé le choix ! », indique t-elle à la présidente, faisant part de son refus de se constituer partie civile.
Les violences ont débuté tôt dans leur relation. Ils se sont mis ensemble en novembre 2020 et il a commencé à lever la main sur elle quelques semaines plus. tard. Son propre père dit de lui : « Il est parfois violent et dangereux ».
Il a fini en garde à vue le 15 juillet dernier pour s’être introduit de force chez son ex-compagne car il ne supportait pas leur séparation. La garde à vue a permis de mettre en exergue de nombreuses scènes de violences subies par la jeune mère de famille au cours de leur relation. Ajoutez à cela des faits de harcèlement et vous obtenez une maman au bord de la rupture psychologique. En l’espace de quelques jours, celle-ci avait dû subir 14 appels quotidiens pour 420 appels au total.
« Elle ne sait pas mais elle m’aime, c’est la faute de ses copines«
En garde à vue, le jeune homme expliquera pour se justifier : « Elle ne sait pas mais elle m’aime, c’est la faute de ses copines« .
« C’est un dossier typique en comparution immédiate à La Réunion. Une première plainte pour violences, puis une seconde pour harcèlement. Elle est à bout et elle a tellement peur ! Il n’y a aucune réflexion de sa part, je crains un risque d’aggravation tragique des violences. Il minimise les faits et selon lui, il n’est pas violent ! je vous demande une peine de 2 ans de prison dont 10 mois de sursis probatoire ainsi que des obligations de soins, de travail, une interdiction de contact et de se présenter au domicile de la victime pour une durée de 3 ans », requiert le parquet qui demande également son maintien en détention.
Evitant soigneusement de se prononcer sur les faits qui sont matérialisés et reconnus, la défense se concentre sur la peine de son client qui affiche 10 mentions à son casier dont 4 pour violences : « Quid de la peine ? Un sursis probatoire serait effectivement bénéfique pour lui. Sans ce suivi, nous avons de grandes chances de le revoir devant vous ! Je vous demande une peine mixte avec des obligations pour protéger la victime ».
Le tribunal condamne finalement Laurent E. à 2 ans de prison dont 1 an de sursis probatoire, le tout assorti d’un maintien en détention ainsi que des interdictions et des obligations réclamées par la procureure.