Au cours d’une conférence de presse commune, Didier Robert et Nassimah Dindar, respectivement président et présidente du conseil régional et du conseil départemental, ont dressé un bilan des derniers Jeux des îles. S’ils estiment que ces JIOI ont été un vrai succès, ils déplorent également l’attitude du gouvernement français, qui a froissé pas mal de délégations présentes, provoquant notamment le départ des Comores.
Les présidents des deux collectivités craignent que l’image de La Réunion soit ternie auprès des autres pays de la zone. Didier Robert est lui partagé entre une « vraie fierté » par rapport à l’organisation sportive, mais en même temps d’un « sentiment de colère ».
« Une charte a été signée entre les pays membres mais elle n’a pas été respectée par la France », déplore-t-il.
Pour le président de la Pyramide inversée, ces Jeux des îles ont été « pris en otage » pour régler le conflit entre les Comores et la France au sujet de Mayotte. Si pour lui, il ne fait aucun doute que Mayotte soit française, « fallait-il pour autant mélanger sport et politique ? », s’interroge-t-il. « Si notre pays et les Comores ne règlent pas une fois pour toute ce conflit qui pèsent lourdement dans les relations et le climat dans la zone Océan Indien, on aura toujours à pâtir de cette situation d’extrême ambiguïté ».
Pire, Didier Robert craint que toutes les actions menées par La Réunion dans le domaine de la coopération régionale risquent d’être lourdement impactées. « Tous les efforts fournis jusqu’à présent ont été fragilisés à cause d’un manque de concertation, alors que nous avions de bonnes relations. Prenez l’exemple des îles Vanille, ça fonctionne », rappelle-t-il.
Mais avec ce qui s’est passé lors des derniers Jeux, La Réunion « traîne un boulet » maintenant affirme-t-il. Il ajoute : « si nous avançons d’un même pas entre les îles de l’Océan Indien, nous avons toutes les chances que la réussite réunionnaise soit au rendez-vous ».
« La France a un rôle structurant à jouer aux Comores »
Malgré ces fortes tensions entre la France et les Comores, Didier Robert et Nassimah Dindar croient tout de même aux prochains JIOI organisés en 2019 par les Comores.
Pour la présidente du conseil départemental, les prochains Jeux des îles aux Comores sont même « une opportunité ». « La France a aussi un rôle structurant à jouer (aux Comores, ndlr), où la population doit être accompagnée », indique la présidente du département.
Selon elle, si les Comores ont la garantie d’avoir une piscine olympique pour ces JIOI, la France pourrait de son côté aider à la construction de stations de production d’eau potable pour la population.
Nassimah Dindar rappelle que des lignes budgétaires sur les fonds européens pour la coopération « existent ». Elle souhaite que cette coopération régionale au niveau sportif puisse être accompagnée d’une coopération « sociétale » de grande ampleur pour ces Jeux des îles aux Comores. « Faire développer Mayotte à côté et ne pas le faire aux Comores est préjudiciable aux relations France/Comores », martèle la présidente du conseil départemental.
Nassimah Dindar et Didier Robert ont par ailleurs annoncé qu’un courrier va être adressé au Premier ministre Manuel Valls et au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, pour faire part des incidents qui ont émaillé les JIOI dans notre île.
