6 mars 2015, La Rivière, route de Cilaos, 12h30. Marie-Pierre, accorte petite femme de 53 ans, sort de chez elle. Quelques dizaines de mètres plus loin, elle emboutit une buse, laisse son véhicule dans le fossé et s’éloigne. A son arrivée, la gendarmerie la retrouve prostrée, assise sur une pierre, la tête dans les mains. N’ayant manifestement aucune conscience de ce qui a pu se passer.
Elle refusera l’aide des pompiers et ce sera un peu plus tard que la prise de sang affichera quelque 0,86 gr d’alcool dans son organisme. Pour une femme qui ne boit pratiquement jamais, c’est beaucoup.
Doucement, patiemment, la présidente Tomasini tente de savoir comment cette femme, qui n’a qu’une mention à son casier (2009), en est arrivée là.
Elle débite alors la litanie trop connue mais bien réelle des catastrophes auxquelles l’individu moyen peut se retrouver confronté. « J’avais perdu mon frère… Ah non ! pas encore… ». Mais le reste, oui : Un frère alcoolique ; une vieille mère de 94 ans dont elle est la seule de la famille à prendre soin ; une fille à problèmes ; un fils à l’hôpital psychiatrique, qu’elle a été obligée d’aller récupérer en métropole ; un lourd vécu de femme battue par un époux alcoolo décédé ; pas de travail ; le RSA pour toute subsistance ; une histoire de chèques…
« J’avais bu un p’tit rhum lorsque ma copine m’a appelée. J’ai pris le volant sans réfléchir ».
Un certificat médical confirme qu’elle a cessé de boire depuis pas mal de temps.
La plaidoirie de Me Blanc-Noël a été un modèle d’humanisme : « Un maillage familial très difficile, des conditions de vie épouvantables, des heures au chevet de sa mère impotente, une famille qui ne peut l’aider, le seul RSA… ».
L’avocate sudiste a emporté la conviction du tribunal : 1 mois avec sursis et 6 mois de suspension de permis.