Mme Bassire, depuis quelques semaines déjà, vous déclarez dans les médias et lors de vos réunions politiques que la commune du Tampon n’a jamais été en faillite et qu’elle a été mise entre les mains du maire actuel dans des conditions financières saines. A ceux qui font des objections, à la population, vous leur dîtes d’aller vérifier sur internet.
Vous pensez bien que j’y suis allé! Et pour éviter aux Tamponnais et autres curieux de se taper 58 pages je me propose de résumer un peu.
Tout d’abord les observations de la Chambre régionale des comptes ont été arrêtées le 17 novembre 2011 et concerne les années 2005-2010 donc principalement la mandature de celui que vous dîtes qu’il a été un bon gestionnaire. J’espère vraiment que la Région Réunion n’est pas gérée de façon identique.
Pour une meilleure lecture tout ce qui est entre guillements c’est mot pour mot ce qui est écrit dans le rapport. Les commentaires sont de moi. Je commence:
« En matière de fiabilité des comptes, la tenue par la commune de la comptabilité des travaux… lorsqu’elle n’est pas absente comme ce fut le cas en 2007 comporte des fluctuations importantes. » Tiens , tiens, en 2007 comptabilité absente. Qui était le maire?
« Ce constat trouve vraisemblablement son origine dans le fait que la procédure que suit la commune n’est pas conforme à la réglementation applicable… » Ah bon on ne respecte pas les règles: qui était député-maire?
« Durant la période 2005-2010…le poste des locations mobilières qui inclut la location longue durée de véhicules a été multiplié par 15, et les dépenses du chapitre « Fêtes et cérémonies » par 3″.
Des questions s’imposent: qui ont été les bénéficiaires de la location longue durée de véhicules? Quelle entreprise de loueur de véhicules à toucher le jackpot? Et qui au Tampon a bénéficié de fêtes et cérémonies? Une chose est certaine, je n’ai pas l’impression que depuis le départ de TAK, Florilèges et Miel Vert se sont développés… alors à qui ont profité ces dépenses?
« Même si la capacité d’autofinancement…reste relativement stable au moins jusqu’au 2009, elle n’a pas permis en 2008 et 2010 de couvrir l’amortissement du capital de la dette. La capacité d’autofinancement disponible s’est trouvée négative sur ces deux exercices ». On est bien d’accord négative cela veut bien dire en-dessous de zéro.
« Le coefficient de rigidité des charges…passe de 52% en 2005 à 61% en 2010 dépassant le seuil d’alerte de 58% communément admise pour les collectivités locales ». Je traduis en dessous de 58% on est bon, au dessus on passe dans le rouge. Quand TAK était à la mairie en 2005 on était à 52; et 5 ans plus tard avec son successeur on passe à 61.
« Avec une capacité de financement propre disponible en nette diminution (22 millionsd’euros en 2005, 14 millions en 2009 et négative en 2010), la commune a dû,…, recourir de manière importante à l’emprunt. » Donc pour traduire TAK part en laissant 22 millions dans les caisses, 4 ans plus tard il reste 14 millions et l’année d’après plus rien!
« L’encours de la dette a ainsi plus que doublé, passant…à 80 millions d’euros en 2010. Pour ce dernier exercice il représente 12,7 années d’autofinancement alors que le seuil d’alerte communément admis pour les communes est de 8 années ». Là aussi il n’est pas diificile de comprendre ce que seuil d’alerte veut dire. Je peux l’expliquer à Mme Bassire si elle le souhaite.
Alors Mme Bassire c’est vrai que je n’ai lu le mot « faillite » nulle part, que je n’ai trouvé l’espression créole « commune o ki » nulle part. Mais même un lycéen de première, sous la chaleur, à qui on demanderait de faire un commentaire de texte concluerait que la commune a été abandonnée en 2010 dans un piteux état financier.
Et je laisse le meilleur des observations de la chambre régionale des comptes pour la fin: »le tableau des effectifs communaux…ne sont pas toujours en concordance avec les emplois effectivement payés ». Là j’avoue que j’aimerais bien que Mme Bassire ou le futur ex potentiel numéro 2 de sa liste explique ce que cela veut dire. Moi je comprends on dit qu’il y avait tant d’emplois à la mairie mais si on regarde ce qui est payé cela ne correspond pas!
El le nec le plus ultra du rapport: « les dépenses de carburant ne sont pas non plus apparues suffisament contrôlées » et la chambre régionale de la cour des comptes cite plusieurs exemples. Le plus comique, enfin presque parce que ce sont les Tamponnais qui ont payé l’essence au final, c’est cet exemple: « le véhicule immatriculé XXX a fait deux fois le plein le 4 décembre 2007, une fois en gasoil (15h29), une fois en sans plomb (21h13). » Dans le rapport les immatriculations sont données! Si je traduis c’est qu’il y a eu un usage illégal d’une carte de paiement ou autre avec un faux justificatif. Et la chambre des comptes précise « les exemples de ce type sont trop nombreux pour penser qu’il s’agit de simples erreurs de codage ».
Mme Bassire si vous continuer encore à défendre la gestion de votre ami lorsqu’il était maire du Tampon après ça, je pense que vous allez profondément décevoir les Tamponnais et être encore plus profondément déçue de votre score électoral.
Quant au successeur de TAK à la mairie, je comprends mieux pourquoi, après l’avoir annoncé publiquement, vous n’avez finalement pas porté plainte contre l’ancienne majorité de la Région après l’audit que vous avez commandé en 2004. Le PCR aurait pu faire de même au Tampon!
Ma dernière question ne s’adresse plus au représentant d’Objectif Réunion, encore moins à Mme Bassire mais à Monsieur le Procureur de la Répubique de Saint-Pierre (ou de saint-Denis): qu’attendez vous pour agir? Que la prescription couvre ces faits? Qu’un jour les Réunionnais (les jeunes ; ils obtiennent plus vite satisfaction!) descendent dans la rue pour demander des comptes sur une justice à deux vitesses? Un tel rapport devrait entraîner immédiatement une enquête. Sans qu’un citoyen zélé et soucieux de la gestion des finances publiques ne dépose plainte.
Ce qui est étonnant, choquant même, c’est qu’aucun élu municipal, ni M. JJ Vlody (qui connaît forcément la teneur de ce rapport) n’ont estimé devoir saisir la justice. Par contre ils en parlent de ce rapport dans leurs réunions respectives!
Pour conclure, j’invite tous les Tamponnais à suivre le conseil de Mme Bassire, c’est à dire lire le rapport d’observations définitif-commune du Tampon-janvier 2012 de la chambre régionale des comptes qui concerne les années pour la mandature d’après TAK. Et surtout à en tirer les conséquences!
Fred Lauret
Le Tampon
