
"J’ai fait environ 200 réunions à Saint-Denis. L'ex-présidente du conseil départemental est venue en tout et pour tout à deux meetings"
Lors de l’inauguration de la permanence de Nathalie Bassire au Tampon, Didier Robert, le Président de Région a dénoncé le "non-respect" des engagements de la plateforme et la "trahison" des anciens notamment de Michel Fontaine et de Nassimah Dindar. Qu’en pensez-vous ?
La plateforme était déjà vermoulue. Elle fonctionnait dans un seul sens. Ainsi, nous avons nous loyalement voté en 2015 pour la présidente au Département, ou encore pour les sénatoriales. Quand un proche de Didier Robert est en lice, il n’est jamais soutenu.
À quels scrutins faites-vous allusion ?
Certains d'entre eux étaient en réalité de faux-amis qui n’ont pas été avares de coups bas. Ainsi, il faut savoir qu’aux régionales en 2015, Didier Robert avait déjà fait l’objet d’attaques, certes dissimulées mais bien réelles pour affaiblir sa candidature. Et l’ancienne présidente du conseil départemental, pourtant seconde sur cette liste, n’a quasiment pas fait campagne.
Aux législatives ensuite, comment justifier que Nathalie Bassire n’ait pas été franchement soutenue par le maire de Saint-Pierre ?
De la même façon, comment accepter, qu’ici à Saint-Denis, ma candidature sur la 1ère circonscription, qui n’était pas simple face à une ex-ministre socialiste, portée à plein régime par les emplois aidés de la mairie et les subventions aux associations, n’ai pas été, soutenue concrètement sur le terrain par Nassimah Dindar ?
J'ajoute qu'aux sénatoriales de septembre dernier, notre candidat, Jean-Louis Lagourgue, a failli être laissé sur la touche après que l'ex-présidente du département ait couru trouver Thierry Robert à la mairie de Saint-Leu afin de nous imposer une liste commune avec le soutien d'André Thien-Ah-Koon dont nous étions exclus. Bel exemple de loyauté…
Avez-vous des preuves concrètes à Saint-Denis de cette absence de soutien de Nassimah Dindar ?
Vous savez, j’ai fait environ 200 réunions à Saint-Denis. L'ex-présidente du conseil départemental est venue en tout et pour tout à deux meetings dont un commun avec Nadia Ramassamy. Il fallait bien préserver les apparences. Mais, sur le terrain, elle n’a pas réalisé une seule réunion de cellule, même sur son canton ! J’ai dû m’organiser avec mes militants pour investir la Montagne et le Bas de la Rivière.
Cerise sur le gâteau, le dimanche soir, entre les 2 tours, alors que j’étais en ballotage délicat contre Madame Bareigts, sur le plateau d’Antenne Réunion, elle s’est lancée dans un éloge ahurissant de la ministre socialiste !
Devions-nous le Président de Région, moi-même, avec nos amis, continuer à accepter sans broncher ses coups de poignard dans le dos ? À accepter l’inacceptable, on finit par excuser l’inexcusable.
Cette clarification appelle-t-elle une nouvelle ligne politique ?
Évidemment que oui. Nous avons pris la décision de prendre un net recul par rapport au mouvement national Les Républicains auquel nous étions affiliés. J’ai du respect pour Michel Fontaine qui est un bon maire mais à l’évidence il n’a pas voulu, à La Réunion, créer les conditions de l’essor du mouvement Les Républicains.
J’en veux pour preuve la suppression de la permanence à Saint-Denis, qui est pourtant le chef lieu de notre île. Didier Robert a compris, lui, l’importance sur la période 2016-2017 à la veille d’échéances capitales de disposer d’une vitrine accessible à la population. Dans le même ordre d’idée, Michel Fontaine n’a eu de cesse de nommer des délégués départementaux inconnus du grand public et donc inaudibles.
Nous réfléchissons avec un certain nombre de leaders nationaux, je pense par exemple à Valérie Pécresse ou à Christian Estrosi, à créer un nouveau mouvement populaire, libéral et européen. C’est Objectif Réunion qui localement portera les aspirations de cette nouvelle droite.
En quoi cette nouvelle droite se distinguera t-elle de celle qui a échoué lors de la dernière présidentielle ?
Nous avons perdu la présidentielle car nous avons perdu la bataille de l’éthique. L’intégrité d’un homme ou d’une femme politique est à nos yeux une condition première pour solliciter le suffrage de ses compatriotes.
Par ailleurs, force est de constater que le clivage traditionnel de notre vie politique a évolué. A bien des égards, le nouveau Président de la République se présente comme un social libéral, je pense par exemple à la baisse prévue du taux de l’impôt sur les sociétés. Nous ne pouvons pas ne pas soutenir les réformes essentielles de l’économie à un moment où la France est soumise à une compétition mondiale.
Comment les candidats à la présidence du Département ont-ils été sélectionnés et pourquoi avoir choisi Jean-Claude Lacouture ?
J'ai appris par la presse que quelques responsables politiques majeurs s'étaient réunis entre eux dans l'Ouest pour faire leurs choix. La plupart ne sont pas conseillers départementaux. Ne pensez-vous pas que c'était aux conseillers départementaux eux-mêmes de se réunir et au terme d'une primaire, de désigner leur champion ?
Quant à mon choix, il s'est porté sur Jean-Claude Lacouture car c'est celui d'entre nous qui a le plus d'expérience. Il est par ailleurs un élu indépendant. Enfin, j'apprécie sa loyauté qui est une valeur à mon sens essentielle de l'action politique.
A mi-mandat, comment analysez-vous la situation politique au Département alors que la collectivité vient d'élire Cyrille Melchior à sa présidence ?
La situation politique au Département était erratique. Le Département de La Réunion est la seule collectivité de France et d’Outre-Mer, où, depuis plus de 14 ans, les majorités ont changé, tantôt à droite, tantôt à gauche, mais où la présidence était, de façon inouïe, restée la même en contractant des alliances tantôt avec les Républicains c’est à dire avec la droite et le centre, tantôt avec les socialistes de Gilbert Annette et son allié de Saint-Leu, Thierry Robert. Nous ne nous sommes jamais reconnus dans cette trajectoire en zigzag qui en définitive à Saint-Denis a fait le jeu de Gilbert Annette.
Je suis de ceux qui pensent qu’une alliance doit s’inscrire à travers un projet partagé et des idées communes. Dans une démocratie, ce projet doit refléter les attentes de nos électeurs à qui nous devons notre siège. Je suis persuadé que le taux de participation dérisoire à Saint-Denis (38% aux dernières législatives) est le résultat de la désillusion voire de l’écœurement d’une partie de l’électorat qui au fil des années, s’est senti floué.
Au Département, la pagaille politique est telle que la gauche n’a même pas présenté de candidat à l’élection du Président ! J'ai l'intime conviction qu’il faut une majorité et qu’il faut une opposition. L’une et l’autre incarnent des idéaux différents. Si pour nous accrocher au pouvoir, nous proclamons que nous pensons tous pareil, cela signifie que nous ne pensons plus rien.
Vous avez été élu président du groupe Objectif Réunion Nord-Est au Département, composé de 7 élus. Quelle sera l’attitude de votre groupe vis à vis de la majorité menée par Cyrille Melchior ?
Cyrille Melchior est un honnête homme et je l’apprécie. Le projet politique qui est le sien est également le notre car en 2015 c’est une majorité de droite qui a porté la Présidente à son dernier mandat. Évidemment, le projet porté par Cyrille Melchior, hier 1er vice-président, n’a pas changé depuis qu’il a accédé à la tête du Département.
Sur le fond, les grands dossiers du conseil départemental restent les mêmes. Les inflexions seront à la marge.
J’ai noté par exemple avec plaisir la réactivation du grand projet de la route à mi-hauteur de Saint-Denis vers l’Est, que j’appelle de mes vœux depuis 20 ans.
Je proposerai au président Melchior d’ouvrir davantage le champ de la proximité car, notamment dans les communes où nous sommes dans l’opposition, il est compliqué de maintenir le lien indispensable avec les Réunionnais.
Mais alors sur quel sujet souhaitez-vous la rupture ?
Sur la façon de présider.
Plus précisément ?
On ne peut être un bon président que dans l’équilibre, le dialogue et le respect de la parole donnée. Depuis 3 ans, nous n’avions pas voix au chapitre, un peu comme si nous étions dans l’opposition.
Pouvez-vous donner des exemples ?
Les exemples sont légion. Il me vient à l’esprit le report du collège de la Plaine des Palmistes ou encore l’impossibilité de mener à bien le micro-projet par élu et par canton qui nous avait été promis. Ainsi, avec Graziella Boustoini, ma binôme, nous n’avons pu, faute d’appui, malgré nos demandes répétées aux services, faire aboutir notre épicerie sociale aux Camélias. Plus généralement, nous n'avions aucun moyen pour travailler.
À vous entendre, vous attendez de Cyrille Melchior qu’il donne davantage de moyens aux élus et soit davantage à leur écoute?
En 3 ans de vice-présidence, je n’ai jamais été reçu au 5e étage du Palais de la Source. Je constate que Cyrille Melchior, a d’ores et déjà souhaité me rencontrer. Un rendez-vous est déjà fixé. C'est de bon augure.
Quel rôle jouerez-vous au conseil départemental ?
Avec Didier Robert, Président de Région, et Jean Claude Lacouture qui anime le Groupe Objectif Réunion Sud-Ouest, nous allons définir une position constructive qui tient principalement en deux points :
Premièrement, il n’est pas question de nous fondre dans le groupe majoritaire car Didier Robert souhaite faire émerger une force politique puissante et renouvelée, fidèle au chemin qui nous est montré par nos électeurs.
Mais, en même temps, nous souhaitons ardemment mieux terminer ce mandat que nous ne l’avons commencé. Pour cela, j’ai entendu Cyrille Melchior, dire qu’il était un homme libre. Cela tombe bien car moi aussi ! C’est pourquoi, si il sait rompre avec les pratiques passées, il pourra compter sur nous pour réfléchir et agir au service des Réunionnais. Nous jugerons sur pièces.
En ce début d’année 2018, comment analysez-vous la situation de La Réunion ?
Le gouvernement socialiste a laissé l’Outre-mer en général et les collectivités de l’Océan Indien en particulier, dans un état préoccupant. À Mayotte, l’immigration clandestine et l’insécurité, laissent le département dans une situation quasi-insurrectionnelle.
À La Réunion, le taux de chômage et avec la Grèce le plus élevé de l’Union européenne. Quand au coût de la vie, il est démentiel, pénalisant les foyers modestes et les classes moyennes. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt les réformes promises par Emmanuel Macron. Je pense notamment au droit à l’expérimentation pour permettre à notre île d’adopter un nouveau modèle fiscal. A quoi cela sert-il de rebaptiser le RSI si les cotisations demeurent accablantes pour les indépendants ?
Êtes-vous sensible aux revendications récurrentes sur le retard d’aménagement du Sud ?
Le Sud de l’île doit être évidemment considéré. Pour autant, les retards ne sont pas l’apanage du Sud. Ils existent aussi dans l’Est et même à Saint-Denis ! Plus grave, les territoires des Hauts de La Réunion sont les grands oubliés de nos politiques publiques.
Avec l’arrivée de nouvelles compagnies, il a beaucoup été question du désenclavement aérien. Pensez-vous que l’aéroport de Pierrefonds soit viable ?
Il n’est pas réaliste d’investir dans un second aéroport. Quel est le Département, en France, qui bénéficie de deux aéroports internationaux ?
Regardez l’aéroport Ramgoolam à Plaisance : les Mauriciens ont construit un hub de premier plan. Gillot, avec ses 2 guérites, a pris 15 ans de retard. Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Il faut donc concentrer nos moyens sur l’aéroport Roland-Garros. J'ajoute que le développement du Sud peut très bien se faire sans aéroport.
Nous sommes en début d'année 2018, qui commence sur de profondes divisions à droite. Ne pensez-vous pas qu'elles vont compliquer les choses pour Objectif Réunion ?
En politique, un petit nombre d'hommes et de femmes déterminés et soudés peut aller au devant de grands succès. Rien n'est jamais écrit. Je pense souvent à cette phrase de Charles de Gaulle : "L'avenir est long. Tout peut un jour arriver".
La plateforme était déjà vermoulue. Elle fonctionnait dans un seul sens. Ainsi, nous avons nous loyalement voté en 2015 pour la présidente au Département, ou encore pour les sénatoriales. Quand un proche de Didier Robert est en lice, il n’est jamais soutenu.
À quels scrutins faites-vous allusion ?
Certains d'entre eux étaient en réalité de faux-amis qui n’ont pas été avares de coups bas. Ainsi, il faut savoir qu’aux régionales en 2015, Didier Robert avait déjà fait l’objet d’attaques, certes dissimulées mais bien réelles pour affaiblir sa candidature. Et l’ancienne présidente du conseil départemental, pourtant seconde sur cette liste, n’a quasiment pas fait campagne.
Aux législatives ensuite, comment justifier que Nathalie Bassire n’ait pas été franchement soutenue par le maire de Saint-Pierre ?
De la même façon, comment accepter, qu’ici à Saint-Denis, ma candidature sur la 1ère circonscription, qui n’était pas simple face à une ex-ministre socialiste, portée à plein régime par les emplois aidés de la mairie et les subventions aux associations, n’ai pas été, soutenue concrètement sur le terrain par Nassimah Dindar ?
J'ajoute qu'aux sénatoriales de septembre dernier, notre candidat, Jean-Louis Lagourgue, a failli être laissé sur la touche après que l'ex-présidente du département ait couru trouver Thierry Robert à la mairie de Saint-Leu afin de nous imposer une liste commune avec le soutien d'André Thien-Ah-Koon dont nous étions exclus. Bel exemple de loyauté…
Avez-vous des preuves concrètes à Saint-Denis de cette absence de soutien de Nassimah Dindar ?
Vous savez, j’ai fait environ 200 réunions à Saint-Denis. L'ex-présidente du conseil départemental est venue en tout et pour tout à deux meetings dont un commun avec Nadia Ramassamy. Il fallait bien préserver les apparences. Mais, sur le terrain, elle n’a pas réalisé une seule réunion de cellule, même sur son canton ! J’ai dû m’organiser avec mes militants pour investir la Montagne et le Bas de la Rivière.
Cerise sur le gâteau, le dimanche soir, entre les 2 tours, alors que j’étais en ballotage délicat contre Madame Bareigts, sur le plateau d’Antenne Réunion, elle s’est lancée dans un éloge ahurissant de la ministre socialiste !
Devions-nous le Président de Région, moi-même, avec nos amis, continuer à accepter sans broncher ses coups de poignard dans le dos ? À accepter l’inacceptable, on finit par excuser l’inexcusable.
Cette clarification appelle-t-elle une nouvelle ligne politique ?
Évidemment que oui. Nous avons pris la décision de prendre un net recul par rapport au mouvement national Les Républicains auquel nous étions affiliés. J’ai du respect pour Michel Fontaine qui est un bon maire mais à l’évidence il n’a pas voulu, à La Réunion, créer les conditions de l’essor du mouvement Les Républicains.
J’en veux pour preuve la suppression de la permanence à Saint-Denis, qui est pourtant le chef lieu de notre île. Didier Robert a compris, lui, l’importance sur la période 2016-2017 à la veille d’échéances capitales de disposer d’une vitrine accessible à la population. Dans le même ordre d’idée, Michel Fontaine n’a eu de cesse de nommer des délégués départementaux inconnus du grand public et donc inaudibles.
Nous réfléchissons avec un certain nombre de leaders nationaux, je pense par exemple à Valérie Pécresse ou à Christian Estrosi, à créer un nouveau mouvement populaire, libéral et européen. C’est Objectif Réunion qui localement portera les aspirations de cette nouvelle droite.
En quoi cette nouvelle droite se distinguera t-elle de celle qui a échoué lors de la dernière présidentielle ?
Nous avons perdu la présidentielle car nous avons perdu la bataille de l’éthique. L’intégrité d’un homme ou d’une femme politique est à nos yeux une condition première pour solliciter le suffrage de ses compatriotes.
Par ailleurs, force est de constater que le clivage traditionnel de notre vie politique a évolué. A bien des égards, le nouveau Président de la République se présente comme un social libéral, je pense par exemple à la baisse prévue du taux de l’impôt sur les sociétés. Nous ne pouvons pas ne pas soutenir les réformes essentielles de l’économie à un moment où la France est soumise à une compétition mondiale.
Comment les candidats à la présidence du Département ont-ils été sélectionnés et pourquoi avoir choisi Jean-Claude Lacouture ?
J'ai appris par la presse que quelques responsables politiques majeurs s'étaient réunis entre eux dans l'Ouest pour faire leurs choix. La plupart ne sont pas conseillers départementaux. Ne pensez-vous pas que c'était aux conseillers départementaux eux-mêmes de se réunir et au terme d'une primaire, de désigner leur champion ?
Quant à mon choix, il s'est porté sur Jean-Claude Lacouture car c'est celui d'entre nous qui a le plus d'expérience. Il est par ailleurs un élu indépendant. Enfin, j'apprécie sa loyauté qui est une valeur à mon sens essentielle de l'action politique.
A mi-mandat, comment analysez-vous la situation politique au Département alors que la collectivité vient d'élire Cyrille Melchior à sa présidence ?
La situation politique au Département était erratique. Le Département de La Réunion est la seule collectivité de France et d’Outre-Mer, où, depuis plus de 14 ans, les majorités ont changé, tantôt à droite, tantôt à gauche, mais où la présidence était, de façon inouïe, restée la même en contractant des alliances tantôt avec les Républicains c’est à dire avec la droite et le centre, tantôt avec les socialistes de Gilbert Annette et son allié de Saint-Leu, Thierry Robert. Nous ne nous sommes jamais reconnus dans cette trajectoire en zigzag qui en définitive à Saint-Denis a fait le jeu de Gilbert Annette.
Je suis de ceux qui pensent qu’une alliance doit s’inscrire à travers un projet partagé et des idées communes. Dans une démocratie, ce projet doit refléter les attentes de nos électeurs à qui nous devons notre siège. Je suis persuadé que le taux de participation dérisoire à Saint-Denis (38% aux dernières législatives) est le résultat de la désillusion voire de l’écœurement d’une partie de l’électorat qui au fil des années, s’est senti floué.
Au Département, la pagaille politique est telle que la gauche n’a même pas présenté de candidat à l’élection du Président ! J'ai l'intime conviction qu’il faut une majorité et qu’il faut une opposition. L’une et l’autre incarnent des idéaux différents. Si pour nous accrocher au pouvoir, nous proclamons que nous pensons tous pareil, cela signifie que nous ne pensons plus rien.
Vous avez été élu président du groupe Objectif Réunion Nord-Est au Département, composé de 7 élus. Quelle sera l’attitude de votre groupe vis à vis de la majorité menée par Cyrille Melchior ?
Cyrille Melchior est un honnête homme et je l’apprécie. Le projet politique qui est le sien est également le notre car en 2015 c’est une majorité de droite qui a porté la Présidente à son dernier mandat. Évidemment, le projet porté par Cyrille Melchior, hier 1er vice-président, n’a pas changé depuis qu’il a accédé à la tête du Département.
Sur le fond, les grands dossiers du conseil départemental restent les mêmes. Les inflexions seront à la marge.
J’ai noté par exemple avec plaisir la réactivation du grand projet de la route à mi-hauteur de Saint-Denis vers l’Est, que j’appelle de mes vœux depuis 20 ans.
Je proposerai au président Melchior d’ouvrir davantage le champ de la proximité car, notamment dans les communes où nous sommes dans l’opposition, il est compliqué de maintenir le lien indispensable avec les Réunionnais.
Mais alors sur quel sujet souhaitez-vous la rupture ?
Sur la façon de présider.
Plus précisément ?
On ne peut être un bon président que dans l’équilibre, le dialogue et le respect de la parole donnée. Depuis 3 ans, nous n’avions pas voix au chapitre, un peu comme si nous étions dans l’opposition.
Pouvez-vous donner des exemples ?
Les exemples sont légion. Il me vient à l’esprit le report du collège de la Plaine des Palmistes ou encore l’impossibilité de mener à bien le micro-projet par élu et par canton qui nous avait été promis. Ainsi, avec Graziella Boustoini, ma binôme, nous n’avons pu, faute d’appui, malgré nos demandes répétées aux services, faire aboutir notre épicerie sociale aux Camélias. Plus généralement, nous n'avions aucun moyen pour travailler.
À vous entendre, vous attendez de Cyrille Melchior qu’il donne davantage de moyens aux élus et soit davantage à leur écoute?
En 3 ans de vice-présidence, je n’ai jamais été reçu au 5e étage du Palais de la Source. Je constate que Cyrille Melchior, a d’ores et déjà souhaité me rencontrer. Un rendez-vous est déjà fixé. C'est de bon augure.
Quel rôle jouerez-vous au conseil départemental ?
Avec Didier Robert, Président de Région, et Jean Claude Lacouture qui anime le Groupe Objectif Réunion Sud-Ouest, nous allons définir une position constructive qui tient principalement en deux points :
Premièrement, il n’est pas question de nous fondre dans le groupe majoritaire car Didier Robert souhaite faire émerger une force politique puissante et renouvelée, fidèle au chemin qui nous est montré par nos électeurs.
Mais, en même temps, nous souhaitons ardemment mieux terminer ce mandat que nous ne l’avons commencé. Pour cela, j’ai entendu Cyrille Melchior, dire qu’il était un homme libre. Cela tombe bien car moi aussi ! C’est pourquoi, si il sait rompre avec les pratiques passées, il pourra compter sur nous pour réfléchir et agir au service des Réunionnais. Nous jugerons sur pièces.
En ce début d’année 2018, comment analysez-vous la situation de La Réunion ?
Le gouvernement socialiste a laissé l’Outre-mer en général et les collectivités de l’Océan Indien en particulier, dans un état préoccupant. À Mayotte, l’immigration clandestine et l’insécurité, laissent le département dans une situation quasi-insurrectionnelle.
À La Réunion, le taux de chômage et avec la Grèce le plus élevé de l’Union européenne. Quand au coût de la vie, il est démentiel, pénalisant les foyers modestes et les classes moyennes. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt les réformes promises par Emmanuel Macron. Je pense notamment au droit à l’expérimentation pour permettre à notre île d’adopter un nouveau modèle fiscal. A quoi cela sert-il de rebaptiser le RSI si les cotisations demeurent accablantes pour les indépendants ?
Êtes-vous sensible aux revendications récurrentes sur le retard d’aménagement du Sud ?
Le Sud de l’île doit être évidemment considéré. Pour autant, les retards ne sont pas l’apanage du Sud. Ils existent aussi dans l’Est et même à Saint-Denis ! Plus grave, les territoires des Hauts de La Réunion sont les grands oubliés de nos politiques publiques.
Avec l’arrivée de nouvelles compagnies, il a beaucoup été question du désenclavement aérien. Pensez-vous que l’aéroport de Pierrefonds soit viable ?
Il n’est pas réaliste d’investir dans un second aéroport. Quel est le Département, en France, qui bénéficie de deux aéroports internationaux ?
Regardez l’aéroport Ramgoolam à Plaisance : les Mauriciens ont construit un hub de premier plan. Gillot, avec ses 2 guérites, a pris 15 ans de retard. Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Il faut donc concentrer nos moyens sur l’aéroport Roland-Garros. J'ajoute que le développement du Sud peut très bien se faire sans aéroport.
Nous sommes en début d'année 2018, qui commence sur de profondes divisions à droite. Ne pensez-vous pas qu'elles vont compliquer les choses pour Objectif Réunion ?
En politique, un petit nombre d'hommes et de femmes déterminés et soudés peut aller au devant de grands succès. Rien n'est jamais écrit. Je pense souvent à cette phrase de Charles de Gaulle : "L'avenir est long. Tout peut un jour arriver".