Mobius, l’exploitant d’iZi, enfile une nouvelle fois son costume de défenseur des télécommunications à la Réunion. L’entreprise n’en est pas à son coup d’essai, par le passé, elle avait déjà mené des actions sur le plan juridique, "actions que nous avons toujours gagné", insiste le patron Yann de Prince.
Ce nouveau différend l’oppose, une fois encore, au groupe Loret Télécom, gestionnaire de la marque Mediaserv, et à leur filiale, la Réunion Numérique (LRN). "On dénonce depuis longtemps la façon dont le réseau Gazelle de la Réunion Numérique est exploité. Ce réseau était prévu pour développer plusieurs offres, dont la possibilité aux opérateurs d’acheter de l’ADSL, sans avoir à investir", explique Yann de Prince.
Or, aujourd’hui, un seul et unique client bénéficierait de cette offre: Mediaserv. "Cette offre est financée à hauteur de 70% par des fonds publics. C’est une concurrence déséquilibrée", rappelle Yann de Prince. Mais la pomme de discorde va plus loin : le patron d’iZi explique qu’un opérateur a deux moyens de diffuser la télévision : En unicast ou multicast. La deuxième option est celle utilisée par les opérateurs pour des raisons de coût et d’absence de saturation du réseau.
"Ils n’avaient pas l’autorisation du délégataire, la Région Réunion"
Le 29 avril 2010, la Réunion Numérique confirmait par constat d’huissier que son réseau ne transportait pas de multicast. "Nous avions déjà dénoncé la tarification qu’ils voulaient mettre en place faussant alors la concurrence", intervient Yann de Prince.
Seulement, il y a quelques semaines, Mediaserv annonce le lancement de nouvelles chaînes de télé. "Ça nous a paru trop gros. Je me suis alors moi-même abonné à Mediaserv. J’ai constaté à mon domicile par huissier l’activation du multicast par la Réunion Numérique. C’est tout à fait illégal car ils n’avaient pas l’autorisation du délégataire, la Région Réunion", dénonce Yann de Prince. En d’autres termes, Mediaserv profiterait gratuitement de la diffusion de chaînes sur le réseau de la Région, Gazelle.
Yann de Prince a écrit au président de la Région Réunion, Didier Robert. Il espère une réaction de la collectivité. "Un audit a été lancé concernant La Réunion Numérique et cette problématique a été évoquée. Nous attendons maintenant, non seulement le courrier de Mobius mais aussi un retour de La Réunion Numérique sur les constats que nous avancons dans l’audit", informe ce jeudi Vincent Payet, élu du Conseil Régional. De son côté, le patron de Mobius envisage des actions pénales.
Enfin, il pose la question à la Caisse des dépôts et consignations qui fait partie de l’actionnariat de Loret Telecom à hauteur de 20 millions d’euros : "Combien de temps l’Etat et la Caisse des dépôts et Consignations vont continuer à financer et cautionner un acteur qui perturbe le marché et conserve une attitude déloyale?"