Le 27 mai dernier à Ligne-des-Bambous, ce petit homme solitaire de 50 ans pas loin, est imbibé au-delà de toute raison alors qu’on va sur les 12 coups de minuit. De son propre aveu, il a consommé « quelques » bières et « du rhum ». Combien exactement, voilà qui a depuis longtemps échappé à sa mémoire.
Avec l’obstination des poivrots impossibles à raisonner, il prend le volant, direction le front-de-mer de Saint-Pierre. Il y parvient en parfaite intégrité physique, ce qui en soi est déjà une manière de petit miracle.
Le vieux dicton de nos gramounes « la chiasse na gros ventre » est toujours valable et l’heure n’est pas propice à feinter les policiers qui factionnent grave à ces heures indues. Bref, Josian se fait gauler et les analyses dévoilent un taux intéressant de 1,88 gr d’alcool pur par litre de sang.
« Mais pourquoi avoir pris le volant ? » s’enquiert gentiment la présidente Peinaud. Elle va en avoir pour son argent : « J’avais envie de manger des fruits ».
On ne la lui avait jamais faite, celle-là, à la Présidente qui saute au plafond : « Non mais… C’est une blague là ou quoi ? Vous étiez ivre mort monsieur. Non mais… sérieusement… »
Le prévenu explique qu’il y a un vendeur de fruits et légumes, sur le front-de-mer saint-pierrois, ouvert 24 heures sur 24.
Josian n’en mène vraiment pas large, surtout lorsque la Présidente raconte ses 3 condamnations précédentes et la clémence de la justice, qui lui a déjà donné du sursis pour qu’il puisse se ressaisir. Ses précédentes condamnations sortaient du même moule : conduite en étant beurré.
Josian baisse la tête en expliquant : « Depu 5 ans moin lé déboussolé, madame la présidente. Moin la divorcé. Mi vois presque pu mon bande zenfants. Mi boire pou oublier. Mi voudrais arrêter, moin ». Le bonhomme a l’air sincère.
Chômeur, coupeur de cannes occasionnel, (sur)vivant de quelque 400 euros mensuels, Josian écoute sans broncher la substitut Coupry asséner que « cela suffit ! Il y a des années que cela dure. Il doit comprendre qu’on ne boit pas quand on veut conduire et réciproquement ! »
La Présidente est allée au-delà des 3 mois requis : 5 mois dont 4 avec sursis ; obligation de soins ; obligation de suivre une formation professionnelle (qui restera un voeu pieux dans cette société où le taux de chômage atteint des sommets) ; annulation du permis avec interdiction de le repasser avant un an ; et la (mauvaise) cerise su l’gâteau margoze, révocation des 15 jours de sursis accordés antérieurement.
Ce qui lui fera quand même 1 mois ½ sous les verrous à moins que le Juge d’application des peines, dans un bon jour…