Le 5 mars dernier, Willy B. passe la journée à boire avec des dalons avant de rentrer chez son demi-frère où il a élu domicile il y a quelques années, au grand dam de ce dernier. Il rentre ivre et quand il est dans cet état, ressasse le passé.
L’alcool et les ressentiments faisant souvent mauvais ménage, il s’en prend physiquement à son frère, lui assénant trois coups de poing. Ce dernier est handicapé à 80% suite à un accident de voiture et ne peut se relever.
Dans la continuité de son déferlement de violences gratuites, Willy se saisit de la bouteille de coca remplie d’essence posée sur la table et la déverse sur la victime. Il met la main à la poche menaçant de lui mettre le feu. Il finit par partir sans agir et se fait interpeller au Port par la police à 18h50 après que son frère a déposé une plainte.
Ses propos sont incohérents et il titube en tentant de fuir. Il est placé en garde à vue. Un briquet sera retrouvé dans sa poche.
« je voulais juste lui faire peur »
Le lendemain matin, il est testé avec encore 0,22 g/l d’alcool dans le sang. Il reconnaît les faits et dira : « Je voulais juste lui faire peur ».
Compte tenu de son casier et d’une condamnation à 6 mois de sursis probatoire pour risque immédiat de mort et de blessures en février 2021 pour avoir mis le feu à son appartement en présence de sa compagne et de ses deux enfants, le parquet décide de le déférer au tribunal. À jeun, il est tout penaud devant la présidente qui lui explique : « les membres de votre famille ont peur de vous, c’est quoi l’étape d’après ? », « un sevrage » répond t-il benoîtement.
« Je ne demande rien mais j’aimerais qu’il arrête de boire. J’ai peur quand il a bu, quand il n’a pas bu, ça va », témoigne son frère à l’audience.
Du point de vue du parquet, « les faits sont extrêmement graves. Son alcoolisation importante entraîne des violences ! Il asperge la victime d’essence qui a cru qu’il allait être exécuté. Il y a une volonté d’atteindre la personne, c’est inadmissible et inquiétant. Tout le monde sait que le feu est incontrôlable et fait des dégâts énormes, c’est loin d’être anodin et particulièrement grave ! Je vous demande 2 ans de prison dont 8 mois assortis d’un sursis probatoire ainsi que le maintien en détention« .
« 2 ans me paraissent inadaptés, il peut se réinsérer »
« C’est un homme accablé qui se tient devant vous dans une famille en souffrance. Il ne tente, à aucun moment, de minimiser les faits comme le font la plupart des prévenus qui passent devant vous. Il est conscient de ses difficultés, reconnaît entièrement les faits et les assume. 2 ans me paraissent inadaptés, il peut se réinsérer. Je vous demande de revoir le quantum à la baisse afin qu’il puisse bénéficier d’une peine aménageable pour ne pas qu’il soit maintenu en détention« , plaide la défense.
Le prévenu, qui s’excuse en pleurant auprès de son frère, est condamné à une peine de 14 mois de prison avec maintien en détention. Le tribunal a estimé qu’il avait déjà été averti avec 6 mois de sursis probatoire et l’obligation de soins qui lui était imposée en février dernier. À sa sortie, il lui est signifié une interdiction de contact avec son frère pour une durée de 2 ans.