Venir en vacances à La Réunion pour ramasser des ordures… L’idée peut paraître saugrenue, mais pas pour Laurent. D., un Réunionnais installé depuis plusieurs années dans la région de Bruxelles.
Avec l’aide de ses enfants, il a décidé en juillet dernier de se retrousser les manches et de déclarer la guerre aux débris de plastique divers et autres mégots de cigarettes sur nos plages.
Cette initiative lui est venue face aux déchets encore trop présents sur nos plages ou nos zones naturelles. Créateur du blog [Ma part du colibri]urlblank:http:/laurentdennemont.blogspot.be/ , Laurent nous explique que la thématique de l’environnement lui tenait particulièrement à coeur et que son blog lui permettait « de refaire surgir cette thématique de manière plus fun ».
« Avec mon frère, nous avons lancé une campagne [#cleanthebeach]urlblank:https://twitter.com/hashtag/cleanthebeach version locale, #cleanlareunion, de manière organisée et esthétique afin d’inciter les gens à ramasser leurs déchets sur les plages et dans les sentiers », déclare le blogueur. Le but : poster sur internet les photos des déchets récupérés par chacun.
« Les personnes que j’ai rencontrées sur le terrain ont trouvé mon action bénéfique, car ils ne s’attendaient pas qu’un particulier s’occupe du ramassage des déchets. Moi, je le fais pour moi-même avec l’espoir que cela lancera une dynamique », indique l’éco-citoyen.
Il ajoute : « Même à sa propre échelle, on peut avoir un certain impact. Certaines personnes se mettent des freins alors qu’il n’y en a pas. J’ai tout de même eu des remarques comme ‘ce n’est pas à vous de le faire’, ‘et si quelqu’un se blesse’….Ce qui prime après, c’est un sentiment de satisfaction après avoir collecté tous ces déchets ».
Un manque de vision dans la gestion des déchets à La Réunion
En récupérant tous ces déchets, Laurent s’est demandé que faire d’eux. C’est alors qu’il a eu l’idée de les valoriser en les recyclant, afin de leur donner une seconde vie.
Selon lui, si La Réunion croule autant sous les déchets, cela est également dû aux décisions prises par les politiciens locaux concernant la gestion des déchets. « Il y a un manque de vision dans la société réunionnaise, notamment dans le domaine de l’environnement, on attend d’être au pied du mur pour prendre des mesures », déplore-t-il.
« Dans notre île, tous nos déchets sont enfouis au cœur de deux décharges géantes qui sont déjà saturées. Il faut savoir qu’il existe une directive européenne qui nous apprend que l’enfouissement est la pire des solutions. Un modèle qui malgré tout n’effraie pas nos hommes et femmes politiques », poursuit Laurent.
À ceux qui craignent que la médiatisation de son action puisse nuire à l’image de La Réunion (« île sale »), Laurent leur répond : « Je pense sincèrement qu’avant de penser à l’image de notre île, il faut que l’ensemble des personnes prennent conscience de la situation. Dès que l’on sort des sentiers battus, il y a toujours des déchets sauvages. La réalité est parfois difficile à admettre, mais c’est un constat ».
Interrogé sur une éventuelle entrée dans la vie politique, le père de famille nous assure que sa place est dans la société civile, où il a « plus d’impact ». « La scène politique est bien évidemment importante », nous indique-t-il, mais personnellement, j’ai vraiment le sentiment que c’est dans la vie civile et associative que les projets font réellement avancer les choses. Il faut créer de petits ruisseaux pour créer de grandes rivières », conclut Laurent.
