Selon une enquête intitulée « cadre de vie et sécurité », il y a moins de victimes de violences à la Réunion qu’en France métropolitaine. Cette enquête anonyme qui porte sur un échantillon de 1500 Réunionnais âgés de 18 à 75 ans est une « photographie de la société réunionnaise », indique Benoît Hubert, directeur de cabinet de la Préfecture. Une étude qui n’émane pas des statistiques des forces de l’ordre mais est anonyme, « ce qui laisse une entière liberté de parole », ajoute Sophie Elizeon, déléguée régionale aux droits des femmes.
« Plus il y a de violences sensibles, moins il y a de plaintes »
Entre 2009 et 2010, 195.000 adultes réunionnais ont été exposés à des violences, au moins une fois, que ce soit dans leur ménage ou en dehors. Les victimes représentent ainsi 36% des personnes âgés de 18 à 75 ans, contre 43% en métropole. Cependant, l’étude révèle que le sentiment d’insécurité est plus prégnant à la Réunion. En effet, 18% des personnes déclarent se sentir souvent ou de temps en temps en insécurité dans leur quartier, contre 11% en métropole, et 17% à leur domicile, contre 8,5% en métropole. « Il s’agit d’un ressenti », précise Valérie Roux, directrice régionale de l’Insee. « Sept victimes de violences intra-famililales sur dix sont des femmes », précise Sophie Elizeon, qui indique que « c’est dans le foyer où on est censé être en sécurité que la femme l’est le moins. Plus il y a de violences sensibles, moins il y a de plaintes », regrette la militante.
En deux ans, 18% des Réunionnais ont été victimes d’atteintes personnelles. Et les violences sensibles, qui sont les exhibitions, gestes déplacés, baisers volés, atteintes sexuelles hors ménage et violences intra-ménage touchent près de 10% de la population, contre 6% en métropole.
« Le taux d’élucidation d’affaire est largement au-dessus de la moyenne national »
De plus, « les Réunionnais se sentent peu protégés », indique Anne Levet, chargée d’étude à l’Insee. En effet, 51% des interrogés se disent insatisfait de l’action de la police et de la gendarmerie dans la société française. « Il faut dire qu’on nous demande beaucoup de choses, des affaires qui ne nous concernent pas et qui sortent du cadre de notre fonction et les gens ne comprennent pas forcément pourquoi on n’intervient pas », explique Sophie Rozis, adjudant à la gendarmerie de Saint-Denis. « Le taux d’élucidation d’affaire est largement au-dessus de la moyenne nationale », précise Benoît Huber, « mais la situation insulaire et la surmédiatisation des faits-divers à la Réunion peut expliquer ce sentiment exacerbé d’insécurité ».
Il n’y a pas de profil type de victime. Toutes violences confondues, les hommes et les femmes sont touchés dans les mêmes proportions.