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Indianité en outre-mer : « il faut combattre la culture de l’oubli »

Hier, se tenait à la délégation interministérielle à Paris, un colloque sur le thème : "De la migration à l'intégration: les apports de l'indianité à l'outre-mer français". Comme l'a souhaité Jennifer Lépage, organisatrice de l'événement et présidente de l'association "Agir Ensemb pour une France de toutes les couleurs", le débat a surtout pris des allures de "devoir de mémoire". La culture indienne a été ensuite mise à l'honneur par un spectacle de danse suivi d'un cocktail aux couleurs de l'Inde.

Ecrit par Bérengère Lefèvre – le samedi 13 février 2010 à 08H06

Hier, les hindous fêtaient le Maha Shivaratri, une journée de jeûne suivie d’une nuit de veille, en l’honneur du dieu Shiva. Cet événement, bien que célébré d’une manière discrète à la Réunion, rappelle toutefois que nos sociétés ultra-marines sont composées d’immigrés issus des quatre coins du monde, parmi lesquels certains sont venus de l’Inde.

 

Afin de remémorer ce pan de l’histoire du peuplement de l’outre-mer, Jennifer Pélage, présidente de l’association Agir Ensemb pour une France de toutes les couleurs, a réuni à la délégation interministérielle à Paris, avec le soutien de Patrick Karam, des réalisateurs, écrivains et autres intellectuels, autour du thème : « De la migration à l’intégration: les apports de l’indianité à l’outre-mer français« . « Ce type de réflexion participe à un devoir de mémoire« , argumente-t-elle en introduction. « Il faut combattre la culture de l’oubli« , a plus tard renchéri Henri Hazaël-Massieux, historien et écrivain. En présence de Jean Sahai, chercheur, essayiste et modérateur du colloque, et, avec le président-fondateur en France de GOPIO (Organisation Mondiale de la Diaspora Indienne) Augustin Radjahpandien Benoît, le cadre de l’audiovisuel et chercheur Jude Sahai, le doctorant en civilisation indienne et initiateur du concept de l’indianité Gilbert Francis Ponaman, ainsi que le producteur-réalisateur Barcha Bauer, il a tenté de « relater l’histoire oubliée » des indiens de l’outre-mer.

 

Après un exposé des conditions dans lesquelles s’est effectuée cette migration forcée vers la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, les intervenants se sont ensuite concentrés sur l’indianité aux Antilles. Leurs échanges ont d’ailleurs été précédés d’une projection de la première partie d’un documentaire intitulé « Les Indiens de la Guadeloupe et de la Martinique« . Documentaire réalisé par Barcha Bauer et Gérard César.

 

On y redécouvre que les travailleurs indiens ont été « apportés » pour pallier le manque de main d’œuvre auquel devaient faire face les planteurs après l’abolition de l’esclavage en 1848. On y apprend ensuite que leur sort ne s’est pas avéré plus enviable que celui des anciens esclaves et que les « coolies » (ainsi étaient surnommés les contractuels indiens) ont connu les mêmes humiliations et mauvais traitements. « En réalité, sous Napoléon III, divers décrets vont contrarier la liberté dont sont censés bénéficier les engagés« , explique Henri Hazaël-Massieux. A tel point que leur situation ressemblera de très près à une situation d’esclavage. Et ceci sans qu’ils ne bénéficient, contrairement aux affranchis, de la nationalité française. Cette nationalité, ils vont finir par l’acquérir au terme du long combat mené par un homme cher aux yeux des indiens de la Guadeloupe : Henry Sidambarom. « Son œuvre est immense, grandiose, exemplaire et humaniste« , a affirmé Gilbert Francis Ponaman en rendant hommage à ce guadeloupéen d’origine indienne qui a su se faire une place dans la société guadeloupéenne.

 

Aujourd’hui, il est admis que les indiens ont contribué à la formation de la société créole antillaise contemporaine. Ils en font partie, autant qu’ils la font. « Nous conservons nos valeurs tamoules mais nous avons aussi nos valeurs créoles« , précise Gilbert Francis Ponaman. « La communauté indienne aux Antilles est importante mais mal connue. Pourtant nous intégrons parfaitement ses apports, tel que ses apports culinaires comme le colombo« , a fait remarquer pour sa part Patrick Karam.

 

Par ailleurs, les indiens se sont unis à des personnes d’autres origines. Pour Barcha Bauer, « par ce métissage, ils sont bien représentés au niveau des médias, même si cela ne se voit pas forcément ». Cependant le réalisateur met en garde sur un autre point : « sans l’aide publique, ce type de documentaire, relatant l’histoire oubliée, ne pourra plus se faire ». Le délégué interministériel l’a alors rassuré en annonçant la création, en 2011, d’une agence gouvernementale pour la promotion et la diffusion des cultures d’outre-mer. 2011 sera aussi l’année de l’outre-mer ainsi que l’avait souhaité le Président de la République, Nicolas Sarkozy, lors de ses vœux pour l’outre-mer le 19 janvier dernier.

 

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