Des protocoles scientifiques pour le suivi de l’incendie sur le Piton du Maïdo
Depuis le début de l’incendie, l’équipe scientifique du Parc national de La Réunion suit, jour après jour, les dégâts du feu sur les milieux naturels du Piton Maïdo. Ce travail se fait à partir des comptes-rendus faits par les personnels présents sur la zone (agents de terrain, conseillers écologues), ainsi que des photographies et des relevés cartographiques transmis.
Les informations disponibles à ce jour montrent ainsi que l’impact du feu varie selon les lieux. Il est donc encore trop tôt pour faire un bilan définitif des atteintes au patrimoine naturel.
A certains endroits, les dégâts semblent moins importants : quelques petites poches de végétation semblent préservées. Dans ce cas, on peut espérer que la régénération des espèces indigènes sera favorisée.
D’autre parties sont visiblement plus touchées. En relation avec le Conservatoire botanique national de Mascarin (CBNM) le Parc commence à évaluer les premiers dégâts sur des espèces rares de plantes, comme les fougères. A ce jour, plus de 15 stations d’espèces rares sont localisées dans la zone touchée par le feu. Bilan provisoire : au moins sept espèces indigènes menacées concernées.
Parmi elles, deux sont considérées en danger critique d’extinction au plan mondial par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) :
– Dryopteris pentheri.
– Pellaea quadripinnata.
S’y ajoutent cinq autres, considérées comme menacées ou vulnérables :
– Hymenophyllum peltatum (EN : taxon menacé d’extinction)
– Parietaria debilis (EN)
– Cystopteris diaphana (EN)
– Asplenium monanthes (EN)
– Asplenium theciferum (VU : vulnérable)
Ces stations seront suivies par le CBNM et le Parc de façon régulière sur une longue durée, afin de vérifier notamment si les rizomes des fougères encore en terre donnent de nouvelles pousses d’ici quelques mois.
Une fois l’incendie complètement terminé, le travail du Parc national sera donc de déterminer si une intervention humaine est nécessaire pour aider ou favoriser la régénération des espèces indigènes :
– En mettant en oeuvre des actions de lutte contre les espèces envahissantes. Dans ce cas, il faudra, en fonction de l’impact, agir de façon régulière pour éradiquer les plantes envahissantes dès leur apparition. Ce sera sûrement le cas pour l’Ajonc d’Europe et au niveau des prairies altimontaines, de la Flouve odorante et de la Houlque laineuse.
-Dans les cas extrêmes, il faudra peut-être replanter des espèces indigènes caractéristiques de la zone.
Ces choix seront faits à partir des résultats obtenus après la mise en place de protocoles scientifiques élaborés en concertation étroite avec le Conseil scientifique du Parc. Pour cela, des « placettes » de suivi seront constituées. Leur étude sur une période longue permettra d’une part de connaître avec précision les espèces exotiques les plus menaçantes, et ainsi de déterminer si des actions de lutte sont nécessaires et avec quelle ampleur.
Concernant la faune, un protocole de suivi est déjà en cours sur le petit lézard vert des Hauts. Il prend la forme d’une journée complète consacrée au comptage des individus, par des agents du Parc et ce, deux fois par an : en mai et en décembre.
Dans l’immédiat, les perturbations naturelles (vent froid qui remonte des remparts) et humaines (poussière soulevée par les hélicoptères) sont trop importantes pour que les résultats d’un comptage protocolaire puissent être fiables. Ce n’est donc qu’en décembre que les atteintes à la population de cette espèce endémique pourront être mesurées avec précision.