Des morceaux de Placoplâtre, de la ferraille mais aussi des documents administratifs parmi les 30 m3 de déchets issus de déchets du BTP… Voici le panorama offert aux agents de la brigade environnement entre mai et novembre 2015 dans le lit de la Rivière Saint-Etienne et à la Ravine des Cabris.
La trouvaille des agents de la brigade a débouché sur des poursuites pénales. Le long travail d’investigation a mené les enquêteurs à une entreprise de bâtiment qui faisait appel à la société Tout Transport Négoce Océan Indien (TTNOI).
Cette dernière était chargée d’acheminer ses déchets non dangereux au centre de transit et de tri de la Jamaïque à Saint-Denis. Mais la prestation n’a pas été réalisée jusqu’au bout et les déchets ont fini dans la nature.
Des activités « en misouk chez les makots »
Ce jeudi, son gérant, son épouse et un chauffeur se sont retrouvés devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. Car en plus du délit d’exercice de l’activité de transport routier de déchets sans déclaration, les enquêteurs ont mis le doigt sur une gestion opaque de la société TTNOI, relevant d’abus de biens sociaux pour le gérant Jean-Eddy St L. et recel de bien provenant d’un délit pour son épouse. La société a depuis été liquidée.
Poursuivi pour exercice de l’activité de transport routier de déchets sans déclaration et abandon de déchets, le chauffeur Vincent a nié les faits. Son statut dans la société n’est pas très clair, quoi qu’il en soit, le transport des bennes de déchets était de son ressort. A la barre, il l’a assuré une nouvelle fois, il avait confié cette mission à un certain « Gaël ». Ce serait lui qui aurait abandonné les déchets dans la nature et falsifié les bons.
« On a cherché longtemps ce fameux Gaël », a rétorqué le procureur. Une recherche sans succès. Ces activités pratiquées « en misouk chez les makots », a-t-il lancé, ont des conséquences écologique et sanitaire dans un contexte marqué par le chikungunya et la dengue plus récemment. 4 mois de sursis, 30.000 euros d’amende dont 25.000 avec sursis ont été requis à l’encontre du chauffeur Vincent. Le ministère public a également demandé l’interdiction d’exercer une activité de transport durant 5 ans.
« Le business du déchet apparaît comme extrêmement lucratif »
Son enrichissement personnel évalué à 125.000 euros, le gérant Jean-Eddy St L. risque 10 mois de prison avec sursis, 80.000 euros d’amende, l’interdiction de gérer toute personne morale durant 10 ans et l’interdiction d’exercer une activité de transport durant 5 ans. Sa femme, accusée de recel, ayant encaissé des chèques et bénéficié d’espèces de la société, risque 40.000 euros d’amende dont 25.000 avec sursis et également l’interdiction de gérer durant 10 ans.
L’avocate de Vincent a plaidé sur le flou entourant le statut du chauffeur. Lui, « salarié déguisé » touchant 1900 euros par mois et soumis à une cadence de travail élevée, est-il responsable alors que « le business du déchet apparaît comme extrêmement lucratif ». Pour la défense de Jean-Eddy St L., le gérant « aurait dû faire plus attention ».
Le verdict est attendu pour le 24 octobre prochain.