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Ils ont failli rejouer « Mourir d’aimer » version créole hip-hop…

Correctionnelle Nord, vendredi 19 octobre 2018

Ecrit par Jules Bénard – le vendredi 19 octobre 2018 à 17H13

Dura lex sed lex…

Malgré le temps qui va et le changement des mentalités, les amours entre prof et élève demeurent interdites. Même quand l’exemple vient d’en-haut, prouvant que certains passent entre les gouttes et d’autres pas.

« Oui mais voilà, écoute un peu tu comprendras » (Marcel Mouloudji)

On se souvient du magnifique film d’André Cayatte, Mourir d’aimer, avec cette interprétation sublime d’Annie Girardot, le tout souligné par la musique du grand Charles. Harcelée par la presse et les ligues de vertu, Gabrielle Russier, accusée d’aimer un élève, en vient à se suicider.

L’histoire remonte aux années soixante et malgré le temps, rien n’a changé : se laisser troubler par l’indéfinissable charme juvénile est toujours aussi mal jugé.

Harry (prénom d’emprunt) a bien failli finir de la même façon tragique que Gabrielle.

Voici quelques années, ce jeune homme s’en va tenter sa chance en région parisienne où ses talents dans l’enseignement du break dance lui valent vite d’être nommé professeur au sein d’une association subventionnée.

N.D.A. : Pour ceux qui seraient aussi ignorants que je ne l’étais moi-même voici deux heures à peine, le break dance est cette forme de hip-hop aussi acrobatique que contorsionniste dans laquelle nos jeunes Réunionnais se révèlent de sacrés foutus champions.

Harry vit avec une jeune et jolie femme et tout semble sourire mais bon Dieu lé farceur : la jeune compagne d’Harry lui donne un garçon et le quitte alors que le nourrisson est âgé de trois mois à peine. Le coup est très dur à encaisser pour un jeune adulte de moins de trente ans. Il sombre dans un cycle infernal de dépressions puis, miracle ! une très jeune (moins de 14 ans) et très jolie fille de ses élèves semble lui porter un intérêt un peu plus que disciplinaire.

Cela pourrait porter à l’indulgence, surtout quand on sait que la jeune émule est, selon les rapports d’enquête, d’une apparence plus que mature. Et surtout, que selon ces mêmes rapports, elle aurait reconnu « être allée vers lui parce qu’il est jeune, beau, très gentil ». Il y a du vrai : Harry est grand, large d’épaules ; il a un visage avenant, un sourire gracieux, et la voix chaude d’un bon copain.
Oui mais voilà…

Un soutien familial sans faille

Au moment des faits, elle n’a que « presque » 14 ans et lui une quinzaine de plus. En outre, la loi est formelle, un enseignant (ou une) ne doit JAMAIS se retrouver seul face à un ou une élève ! Même pour lui demander des nouvelles du Grand Raid. Oui, bon, je sais…

Nos tourtereaux se laissent emporter par leur commune passion jusqu’à ce qu’arrive ce qui devait arriver. C’est la maman de la jeune fille qui découvre le pot-aux-roses en fouillant les affaires de sa fille pour finir par mettre la main sur des lettres d’amour qu’elle destine à l’élu de son coeur. Mais au lieu que ça finisse comme « Lisez-moi Bleu » cher à nos grands-mères, cela se termine en plainte pour atteinte sexuelle.

Harry, qui ne cherche aucunement à se défiler, à nier ses responsabilités, encore moins à accuser la jeune fille de provocation, la joue grand seigneur et endosse tout. Puis s’apprête à se foutre en l’air et est sauvé de l’ultime connerie par la conscience qu’un petit être, qui n’a jamais connu sa maman, a besoin plus que jamais de son papa.

Un papa que toutes les enquêtes sociales et de moralité disent affectueux et attentif à son bébé auquel il consacre tout son temps autre que professionnel.

Harry rentre à La Réunion avec l’accord de la justice car il a bien pris soin de dire qu’il ne fuit nullement mais retourne auprès des siens. Car ceux-ci également n’ont jamais cessé de lui tendre la main, chose appréciable pour qui est dans le trente-sixième dessous.

Aucun prédateur sexuel !

Harry a mille fois eu raison de rentrer au pays ! Toute sa famille, tous ses amis, forment un infranchissable bloc affectif autour de lui. Ça aide. Il entreprend également plusieurs thérapies psychologiques qui semblent bien avoir porté leurs fruits. Enfin, last but not least, il a fondé une association professionnelle axée autour du break dance, du tatouage et du piercing car le jeune homme a voulu diversifier ses activités en même temps que d’aller de l’avant.

Dans le même temps, en France, les enquêteurs ont mille fois interrogée la « victime », et les expertises médicales et psychiques subies par cette dernière ne laissent déceler aucune trace de choc post-traumatique.

On pourrait alors croire que tout est bien qui finit bien ? Ben non, camarade : la loi lé là, elle i engarde à ou !

En fonction de quoi Harry se retrouvait ce matin à la barre de la Correctionnelle de Champ-Fleuri, en détenu libre, cela va de soi.
L’essentiel des questions, des réponses, des rapports d’enquête et, essentiellement, les déclarations de la jeune fille, ont laissé apparaître que jamais il ne fut question de quelque prédateur sexuel que ce soit ! Ce fut une relation amoureuse en dépit d’une différence d’âge avérée, ainsi que l’a dit la Présidente Rossignol : 

« On n’est pas dans un contexte de pédophilie ! Lorsqu’en région parisienne, les membres de l’association ont appris la chose, tous sont tombés des nues ! » Et personne n’a jamais vitupéré contre le trop jeune et trop beau professeur.

Le tact d’un avocat

La procureur, celle pour laquelle « nul n’est censé ignorer la loi » (vous vous en souvenez, j’imagine ?), a suggéré qu’Harry aurait pu repousser la jeune fille. Ah ouais ! Ou mette lo chatte po veille la graisse et ou dis à lu mange pas ? L’accusatrice a même parlé d’une victime « exploitée par un adulte » et réclamé 5 ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve de 5 ans.

Le défenseur d’Harry, Me Selly, n’a nullement tenté de mettre toute la faute sur la jeune fille. Avec tact et douceur, il a mis en avant l’état de grande détresse psychologique de son client au moment des faits et le travail qu’il a entrepris, de lui-même, pour remettre ses esprits à leur juste place ; ainsi que ses efforts, couronnés de succès, pour se réinsérer professionnellement ; enfin, en accentuant le fait que l’accusé n’a jamais cherché à fuir ses responsabilités.

Le tribunal ne pouvait pas relaxer Harry car la loi est là. Il a toutefois fait la part des choses : 1 an avec sursis seulement et interdiction d’exercer une activité professionnelle le mettant en contact avec des mineurs (et mineures).

POST-SCRIPTUM :

Nous en parlions avec des avocats en attendant le verdict et l’avis est unanime ; les relations entre prof et élève, quelque soit le sexe des uns et des autres, est toujours d’une délicatesse infinie. Car des élèves peuvent sembler bien plus matures qu’ils ne le sont et des professeurs plus sensibles au charme de ces derniers, pas vrai Emmanuel ?

J’ai été dix ans enseignant avant de sévir dans le journalisme et je peux vous jurer sur la tête de mes enfants que les tentations sont nombreuses, très, trop nombreuses et qu’y résister relève souvent de l’abnégation. Quoi ? On n’a pas le droit de jurer ? Ben merde alors !

Alors que je tentais de survivre dans une section de « 4è terminale pratique », section où l’on « fourrait » garçons et filles n’ayant qu’une envie, prendre la porte au plus vite, j’ai eu face à moi des jeunes de 15/16 ans. Pour les garçons, tous adeptes de Bruce Lee, il s’agissait de savoir qui, le premier, allait totocher le maître. Et pour quelques filles, gaulées comme des Paula, laquelle allait, la première, le mettre dans son lit ! Avec des signes comme un clignement de sourcils langoureux à la place du « oui » à la réponse inscrite au tableau, par exemple. Je passe sur les débordements vestimentaires faciles à décrypter.

Mais quoi qu’il en soit, le devoir de l’enseignant est de NE PAS céder aux avances plus claires qu’un ciel de mai.

Mon pote Jean-Luc I. me disait :
« J’admire ceux qui y résistent mais je condamne ceux qui y succombent ».

 

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