« Le cimetière a été créé en 1791, avec une séparation : un côté pour les blancs, l’autre pour les libres de couleurs », explique Gilles Gérard, anthropologue et historien. « Ensuite, à partir des années 1820, les libres de couleurs ont pu rejoindre le cimetière des blancs. Après l’abolition de l’esclavage, tous les citoyens ont pu y être enterrés, exceptés les non-chrétiens (engagés chinois, indiens, africains, malgaches, peut-être aussi polynésiens), dont il ne reste pas de trace du nom », expose-t-il le fruit de ses recherches.
Il y a une dizaine d’années, la moitié du cimetière destinée aux non-chrétiens a disparu, au profit d’un agrandissement du cimetière « collectif ». « C’est un mépris pour les défunts qui sont à l’intérieur. Et c’est un pan de notre histoire qui risque de disparaître, pourtant ce sont nos racines », s’inquiète Frédéric Amany, membre du collectif.
Après l’étape de compilation des données, les passionnés entament désormais les démarches destinées à sauvegarder le site. « Nous voulons qu’il soit préservé, mais aussi entretenu et valorisé. Avec une stèle par exemple ». Le collectif a notamment commencé à constituer un dossier pour l’inscrire au titre des monuments historiques de La Réunion. Histoire que « le vivre ensemble soit préservé jusqu’au cimetière ».