C’est Christiane Taubira, alors députée de Guyane, qui était rapporteur de la proposition de loi qui porte désormais son nom. La loi Taubira a été votée le 18 février 1999 à l’Assemblée Nationale, après les célébrations en 1998 du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Le 23 mai 1998, une marche silencieuse avait réuni 40.000 personnes, qui réclamaient la reconnaissance de la traite en tant que crime contre l’Humanité.
Trois propositions de loi avaient émaillé cette même année 1998, les deux premières émanaient du député communiste Bernard Birsinger: la première était relative à « la célébration de l’abolition de l’esclavage en France métropolitaine », la seconde « tendant à perpétrer le souvenir du drame de l’esclavage ». C’est une troisième proposition de loi qui inclura la notion de crime contre l’Humanité. Cette proposition avait était portée par trois députés communistes réunionnais: Huguette Bello, Elie Hoarau et Claude Hoarau.
Ce 18 février 1999, au perchoir, Christiane Taubira cite Aimé Césaire, et, rappelant l’histoire, dit le rôle terrible de l’église, qui justifia la traite humaine par la bible: « Elle fut rapidement justifiée : elle relevait de la mission civilisatrice, visait à sauver des êtres sans âme, cherchait à assurer le rachat de certains. Elle était légitimée par la prétendue malédiction de Cham. Mais très vite, Césaire l’a démasquée : « le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée d’étendre à l’échelle du monde la concurrence de ses économies antagonistes ». »
Le commerce triangulaire a fait la fortune de plusieurs grandes villes de l’ouest de la France, Nantes et Bordeaux, notamment. La traite des esclaves a déporté plus de 15 millions d’africains vers les colonies occidentales. Des êtres humains considérés comme des meubles dans le sinistre code noir de Colbert, utilisés comme bêtes de somme dans les plantations de sucre ou de coton.
Il fallut attendre le 10 mai 2001 que la loi Taubira soit adoptée en seconde lecture à l’Assemblée Nationale, à l’unanimité des voix.