Le 2 mai 2020, une famille résidant dans le quartier de la Ravine des Cabris a failli connaître un terrible drame. Touchées par la perte d’un mari et d’un père, Maryvonne et Léane*, mère et fille, décident de se rendre sur le terrain où elles ont vécu en famille durant de nombreuses années dans le but d’entretenir la cour. Mais depuis quelque temps, Laurie ne s’y sent plus en sécurité. La boîte aux lettres a été arrachée, un tas de déchets a été déposé devant le portail qui a été cadenassé. A peine ont-elles commencé à couper un arbre que Jérôme*, le frère de son défunt mari, arrive sur place car toute la famille habite dans le secteur.
Le gramoune n’apprécie visiblement pas la présence des deux femmes, qu’il ne semble plus considérer comme des membres de sa famille. La tension monte, Jérôme, 77 ans, sort un pistolet d’alarme modifié et tire en direction de sa belle-soeur Maryvonne à plusieurs reprises alors qu’elle prend la fuite. Il tire également sur sa nièce. Le cauchemar des deux femmes ne s’arrête pas là. Alors qu’elles passent derrière la petite case pour s’enfuir, c’est cette fois-ci le fils de Jérôme, James*, qui lance aux deux victimes des galets de la taille d’un pamplemousse.
Une balle touche Maryvonne à la lèvre, ce qui nécessitera un point de suture. La sexagénaire souffre également de plusieurs hématomes. 10 jours d’ITT lui sont délivrés. Léane a quant à elle été touchée à l’épaule. La jeune femme d’une trentaine d’années reçoit 2 jours d’ITT.
6 balles tirées
« Dans la colère, on ne sait plus ce qu’on fait, on voit noir partout », tente de s’expliquer Jérôme à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Pierre ce jeudi.
Des violences inadmissibles pointées par la partie civile d’autant que les raisons sont floues, note Me Amel Khlifi-Etheve qui demande un renvoi sur intérêt civil pour évaluer le préjudice subi par les deux victimes.
« On voit où peut mener la colère pour une histoire de terrain non attribué », tance la procureure Caroline Calbo. La représentante de la société, soulignant la « détermination » du prévenu avec 6 balles tirées pour viser la tête, requiert une peine principale de 4 ans ferme à l’encontre du gramoune au casier vierge.
Défendu par Me Bruno Raffi, James, qui a « mal pris parti », est condamné à 6 mois avec sursis.
Plaidant « le coup de sang, le coup de vieux », Me Alain Le Bras tente de convaincre les juges de ne pas envoyer Jérôme, à 77 ans, en prison. En vain.
Le gramoune écope de 4 ans de prison dont 1 an avec sursis avec maintien en détention. L’interdiction d’entrer en contact et de paraître au domicile de sa belle-soeur et de sa nièce mais également l’interdiction de porter une arme durant 5 ans sont prononcées. En attendant le procès sur les intérêts civils, Jérôme devra verser une provision de 3.000 et 1.500 euros aux victimes. Son fils, pour le préjudice morale de ces dernières, devra donner 600 euros à chacune.
*Prénoms d’emprunt