« Je pense sincèrement qu’ils n’en ont rien à foutre ! » Il ne fallait pas chercher bien loin ce mardi sur le spot de Trois-Bassins pour entendre l’écoeurement de tous les pratiquants de surf ou de leurs proches. A la quasi unanimité, tous s’expriment sans embarras. Aux oubliettes les mots polis en direction des élus et de la Réserve marine. Cette attaque est l’attaque de trop.
« Il y a eu trois attaques mortelles en un an ! Je pense que nos élus sont dans une forme de déni. Je suis réunionnaise : à un moment donné il faut se demander ce qui compte ? Dans la balance entre une vie humaine et celles de quelques requins, je choisie la vie humaine », témoigne Caroline, directement concernée puisque ses enfants s’adonnent au surf. « On peut admettre la survenue d’une catastrophe naturelle mais plus pour ce type d’accident », explique à son tour Jérôme, parent de jeunes surfeurs.
Pour Caroline, il est résolument « trop restrictif de se focaliser uniquement sur les surfeurs et sur les zoreils ». Certes, ceux-ci sont concernés en premier lieu, mais c’est trop vite oublier « les pêcheurs réunionnais qui gueulent aussi contre la Réserve ».
« L’île est en train de se couper de la mer, estime Jérôme. On coupe les Réunionnais de la moitié d’eux-mêmes ». Il suffit selon eux de voir les déserts que sont devenus Roches noires et Boucan pour s’en persuader. « Un touriste qui vient à la Réunion, forcément la première chose qu’il fait c’est rechercher l’eau », insiste-t-il.
A leurs côtés, un moniteur de surf qui connaît mieux que quiconque le spot de Trois-Bassins, considéré comme le spot « école » pour la discipline, envisage avec pessimisme le court et moyen terme. Derrière ce sport qui pourrait être considéré par les élus comme un sport passion et donc négligeable, selon les personnes rencontrées ce mardi à Trois-Bassins, le professionnel rappelle que rien que sur ce site, ce ne sont pas moins de sept vigies requins qui sont aujourd’hui en rade, sans compter les activités économiques qui viennent se greffer à ce sport. On pense notamment au gérant du snack et ses employés, qui prenaient place au niveau du parking, ou encore à ces dizaines de commerçants spécialisés. « Chaque jour, c’était au moins 300 personnes ici », conclut-il.