Dans nos sociétés occidentales, il est de plus en plus difficile de prendre le temps de vérifier les composants qui constituent nos plats favoris ou nos produits habituels du supermarché ou du marché forain. Hier, se tenaient les 5ème rencontres « Qualitropic » sur le site du Village Bienvenue de Sainte-Marie. L’association « Qualitropic » devenue pôle de compétitivité en 2005, dont le but est de fédérer le monde de la production locale et de la recherche autour de la question alimentaire à la Réunion, a axé son édition 2010 sur le thème de la santé alimentaire.
Parmi les invités à cette réunion de « qualité », une spécialiste de la recherche alimentaire, le docteur en médecine et chercheur à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) Mariette Gerber.
La combinaison des différents pesticides comme point d’interrogation
La chercheuse évoque la situation : « 5 à 6 % des aliments que nous mangeons possèdent un taux de résidus chimiques au-delà du seuil toléré ». Si ce chiffre peut paraître minime, les inquiétudes du monde scientifique se focalisent sur la combinaison des différents pesticides qui, cumulés par exemple sur un même fruit ou légume, peuvent faire dépasser le seuil autorisé.
Réagissant à l’actualité, Mariette Gerber confirme que l’alimentation de type occidental favorise l’avancement de l’âge de la puberté. « Les risques sur les organes génitaux, les perturbations endocriniennes sont malheureusement connus », rappelle-t-elle.
Les bien-faits de l’alimentation méditerranéenne ne sont pas un mythe
Devant ce tableau préoccupant, la scientifique qu’elle est rappelle tout de même que devant les phrases toutes faites comme « l’alimentation d’aujourd’hui favorise les cancers », elle tient à rappeler que les décès par cancers diminuent mais que les incidences du cancer, elles, augmentent effectivement. Autrement dit, le cancer est de mieux en mieux guérit même s’il touche plus d’individus.
Dans ce cas, comment tenter de se donner toutes les chances d’avoir une alimentation la plus saine possible ? Pour Mariette Gerber, l’alimentation méditerranéenne semble être le bon exemple d’une alimentation équilibrée. « Ce n’est pas qu’un mythe », en sourit-elle. « C’est clairement une alimentation qui fait baisser les risques de maladies chroniques dégénératives comme la dégénérescence oculaire par exemple. Une alimentation qui ralentirait aussi le rythme du vieillissement », selon les études menées.
Un début de prise en compte grâce à Reach
Si la fin des traitements aux pesticides n’est pas pour maintenant, Mariette Gerber milite assurément pour un meilleur étiquetage nutritionnel des produits vendus : « on ne choisit plus son produit. Il faut que le consommateur soit mieux informé ». Un premier pas a été fait selon elle grâce au cadre réglementaire que constitue le projet Reach* de l’Union Européenne.
Règlement européen qui tente d’établir, pour faire court, la liste des pesticides utilisés dans le traitement des fruits et des légumes. A ce titre, Mariette Gerber nous avance que les fraises et les poivrons sont sans doute en tête des produits les plus dévoreurs de pesticides.
———-
* L’objectif de Reach (acronyme, en anglais, d' »enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques ») est d’instaurer, sur 11 ans, une base d’enregistrement de 30.000 substances chimiques fabriquées ou importées dans l’Union européenne et diffusées à hauteur d’au moins une tonne par an. Aussi, le système Reach se donne pour objectif de renforcer les connaissances sur les substances chimiques et de permettre ainsi une meilleure gestion des risques liés à leur production et leur utilisation.
Mariette Gerber, Santé et alimentation méditerranéenne au quotidien, Edisud, 2004.