Le dimanche 5 mars 2017, une fourgonnette roulant à 41 km/h percutait un couple qui traversait la rue, en plein jour à la Rivière Saint-Louis. Au volant : Jean-Pierre Imouche. Et le couple fauché n’est pas n’importe lequel. Il s’agit de l’ex-compagne du conducteur, Nicole Payet, 47 ans, et son nouveau compagnon, Jérôme Marguerite, 36 ans. Des gendarmes qui se trouvent non-loin de la scène poursuivent le véhicule qui continue sa route. Ils parviennent à l’interpeller.
La femme perd la vie quelques minutes après l’incident. L’homme est hospitalisé dans un état grave mais sortira heureusement 11 jours plus tard. Mais avec de lourdes séquelles neuropsychiques. Sa première réaction : « Il n’avait pas le droit de faire ça ».
Depuis lundi, Jean-Pierre Imouche est jugé par la cour d’Assises pour meurtre et tentative de meurtre. Il a finalement été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. La préméditation n’a pas été retenue.
Cet homme de 61 ans, affaibli par un cancer diagnostiqué l’année dernière, pleure lorsqu’il évoque son passé et son sort aujourd’hui. « Je suis fatigué, j’en peux plus, j’ai besoin d’aide », sanglote-t-il. Un homme qui fait peine à voir mais dont les parties civiles rappellent la personnalité : violent et autoritaire selon son ex-femme et ses enfants. Selon cette dernière, elle n’avait jamais son mot à dire, de peur que la colère monte. Et pire encore pour ses filles. Jean-Pierre Imouche est en effet condamné en 2005 pour viol sur deux de ses trois filles. Sorti en 2016, c’est un an plus tard qu’il commet ce deuxième crime.
Un crime d’honneur plutôt que passionnel
Un crime passionnel comme il en existe malheureusement tant ? Non, selon l’expert psychologue. Plutôt un crime d’honneur. Amoureux de Nicole Payet il l’aurait soutenue financièrement. Des courses et autres aides à la hauteur de plus 1800 euros selon lui. La relation se détériore petit à petit jusqu’à ce qu’elle prenne fin. Il aurait donc eu le sentiment que Nicole Payet avait profité de lui. Le jour des faits, il voit le couple une première fois devant le bazardier. « Perdu », il rentre chez lui puis repart en Kangoo. Et c’est là qu’il aperçoit le couple qui traverse, main dans la main, souriant. « Une trahison » ainsi qu’une humiliation en public, pour lui. Et selon l’expert psychologue, c’est bien son ex la cible première si au moment des faits, les deux victimes sont visées.
Un acte prémédité?
Jean-Pierre Imouche reconnaît les faits et dit les regretter. Ou plutôt, il regrette le comportement de Nicole Payet qui l’aurait poussé à agir ainsi. Un moment de folie, affirme-t-il. La préméditation n’a en effet pas été retenue lors de l’instruction du dossier.
L’avocat général a demandé à ce qu’elle le soit. « Il s’est emparé de la seule arme qu’il avait, son véhicule, puis est parti à leur recherche », insiste-t-il. Il a demandé 20 ans de réclusion criminelle.
Il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Et mourra donc probablement en prison. L’occasion de revenir sur une triste vie. Né d’une fratrie de 13 enfants, Jean-Pierre Imouche est le neuvième. À 13 ans, il voit son père, mort, gisant sur le sol. Il a été assassiné lors d’un règlement de compte. Un traumatisme pour le jeune garçon à l’époque. Et cette déclaration « que je n’ai jamais dit à personne » en pleine audience ce mardi : « Une semaine après la mort de mon père j’ai été violé à plusieurs reprises ». Une tentative d’amadouer les jurés ou un moment d’appel à l’aide ?