Il a 19 ans. Il habite toujours chez ses parents, au village de la Rivière des Galets. Depuis sa maison, il a pu voir ces jours derniers les eaux torrentielles de la rivière descendre en furie vers la mer. Le spectacle était impressionnant.
Sa mère qui est née et a grandi à la Rivière des Galets lui a raconté comment les choses se passaient il y a un peu moins de 30 ans de cela.
A l’époque, à chaque alerte cyclonique, et plus encore quand le mauvais temps se faisait persistant, pour des centaines – voire des milliers – de personnes qui habitaient dans les bidonvilles du Port, la mairie ouvrait des centres d’hébergement dans les écoles de la ville. Ici au village de la Rivière des Galets, de nombreuses familles, dont la case longeait le bord de la rivière, venaient dans deux écoles attendre que le mauvais temps se passe. Le père ou le grand frère restait sur place pour surveiller les choses. En effet, pendant qu’il était encore temps, on essayait de sauver quelques meubles et autres affaires de la famille. Car il arrivait que la falaise s’étant effondrée, des maisons se retrouvent dans le vide ou carrément dans la rivière. Pour le cyclone Hyacinthe, une bonne vingtaine de cases ont ainsi été emportées. Et beaucoup d’autres ont été sinistrées.
Ces jours-ci, personne de son village n’a eu ce souci qu’ont connu ceux d’il y a trois décennies. Sa mère lui a expliqué que la Municipalité d’alors avait relogé nombres de familles dans des LTS de la ZAC du Port avant que ne soit construite la cité Hyacinthe pour recevoir d’autres personnes victimes des dégâts. Et puis les démarches ont été entamées pour que soit construit l’impressionnant endiguement qui canalise les eaux jusqu’à l’océan, endiguement que ses frères et sœurs et lui-même ont aujourd’hui tous les jours sous les yeux. Lors de la visite dans notre île en 1982 du Premier Ministre de l’époque, Monsieur Pierre Mauroy, le Maire du Port, Paul Vergès, obtint que l’Etat accompagne la ville dans le financement de cet ouvrage.
Aujourd’hui, toute la commune du Port est à l’abri. Notre jeune a envie, lui qui n’a que 19 ans, de dire aux jeunes de son âge tout ce qu’ils doivent à ceux qui se sont donnés pour transformer la cité portoise. Dans ce qui s’appelait il y a un siècle « La Plaine des Galets », une ville s’est construite avec ses quartiers, ses écoles, ses parcs et rues boisées, ses équipements sportifs et autres zones industrielles. Et une rivière torrentielle a été endiguée. Pour cela, il y a eu l’engagement et le travail acharné d’autres hommes et d’autres femmes. Il nous faut le savoir… et ne pas laisser certains raconter que, avant qu’ils n’arrivent, rien n’a été fait au Port.
Raymond Lauret,
pour un jeune Portois qui a appris et qui sait maintenant.