Ce matin, Michel Fontaine faisait le triste constat du tonnage de déchets enfouis chaque année sur le petit territoire de La Réunion, et notamment à Pierrefonds. Ce sont pas moins de 227 000 tonnes de déchets qui ont été enfouies en 2017 sur le site de La Rivière Saint-Etienne. Sur ce site de Pierrefonds, 100 millions de tonnes de déchets sont d’ores et déjà enfouies, et chaque jour, 800 tonnes de plus viennent polluer un site dont 35 hectares sont condamnés pour au moins pour 60 ans.
« Quelle île allons-nous laisser à nos enfants? », s’interrogeait ce matin le maire de Saint-Pierre, lors de la visite du site de transit d’ILEVA, situé au Port. La maire de La Possession Vanessa Miranville, de nouveau à Paris, a durant de longues minutes pris la parole par téléphone, plaidant pour une meilleure gestion des déchets, et insistant sur la nécessité de stopper leur enfouissement systématique, par manque de tri en amont. « Le risque de pollution de notre nappe phréatique est important », précise Mme Miranville.
Le projet porté par ILEVA consiste en la création d’une usine de tri et de préparation des ordures ménagères résiduelles, d’une unité de méthanisation, d’une centrale de production d’électricité alimentée par des déchets, et de deux voire trois centres de tri plus poussé des déchets, créés en extension des centres existants. Les déchets brûlés dans l’incinérateur produiraient de l’électricité, et viendraient remplacer une partie du charbon et du fuel importés notamment par l’usine du Gol.
Les maires de La possession, de Saint-Pierre et du Tampon espèrent la création d’emplois locaux du fait d’un meilleur recyclage, notamment du plastique, qui pourrait être transformé sur l’île, en une économie circulaire. Les nouvelles unités de tri généreraient elles aussi de l’emploi local.
Jaquet Hoareau, qui représentait André Tien Ah Koon, estime que 200 000 tonnes de déchets pourraient ainsi être valorisées chaque année, et précise que seuls les déchets ultimes seraient brûlés dans l’incinérateur. Le maire du Tampon, par la voix de son adjoint, tient à préciser que le cahier des charges élaboré durant 3 ans place la barre très haut en termes de protection de l’environnement, car les fumées de produits chimiques produites seraient inférieures aux normes en vigueur.
Le coût du projet serait de 35 millions d’euros, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) y participerait à hauteur de 14 millions, le FEDER accorderait une subvention de 18 millions, le reste des fonds proviendrait de la Caisse des Dépôts et d’emprunts bancaires.
Michel Fontaine le dit : « Les Réunionnais ne trient pas assez leurs déchets. ». En effet, un Réunionnais en produisait 694 kg en 2016, quand la moyenne en métropole était de 450 kg par habitant. « Une vraie prise de conscience est nécessaire », conclut le maire de Saint-Pierre.