Anticipation. Le mot revient souvent dans les propos des acteurs institutionnels qui ont permis la mise sur pied d’une formation de scaphandriers dans l’île. Une première.
En prévision des travaux en mer de la route du Littoral, huit demandeurs d’emploi ont été sélectionnés pour suivre cette formation en plusieurs temps.
Le premier se déroule ici même, à La Réunion. Pendant 105 heures, les jeunes bénéficiaires montent en compétences pour atteindre aujourd’hui le niveau 3 de plongeur. Un « bon niveau déjà », acquiesce un professionnel qui a encadré la formation. A cette première approche a été ajouté un volet secourisme (35h) adapté au futur métier de scaphandrier. Les prochaines semaines seront mises à contribution pour perfectionner, sur 245 heures, les compétences des huit futurs scaphandriers. Une dernière étape les mènera à Marseille où 600 heures d’un perfectionnement leur sera dispensé à l’INPP (Institut National de la Plongée Professionnelle).
Le plus jeune s’appelle Samuel, il a 23 ans. Le plus âgé est Eric, 30 ans. Tous se félicitent déjà de pouvoir saisir cette opportunité. « Des travaux en mer de 5,5 kilomètres, ça ne se voit pas tous les jours », relève à juste titre le représentant de la FRBTP. Les bénéficiaires présentent la particularité d’avoir rempli avec succès les étapes d’une sélection féroce. « Ils étaient une centaine au départ, huit ont finalement été sélectionnés, notamment pour leurs aptitudes physiques », concède un représentant de l’opérateur Constructys Réunion, l’OPCA (organisme paritaire collecteur agréé) du BTP. Les heureux élus n’en ont donc pas fini avec les épreuves d’un métier « difficile et dangereux » rappelle leur formateur plongée. Entre aujourd’hui et la sortie de perfectionnement à Marseille, un écrémage pourrait encore intervenir si certains jettent l’éponge.
Une certification valorisable au-delà de la NRL
En tout état de cause, et dans l’objectif de former localement pour les futurs grands chantiers, 24 scaphandriers devront être aptes pour la phase opérationnelle. « En plus des huit que l’on amène au niveau aujourd’hui, les 16 autres seront également des locaux », approuve Eric Fontaine, directeur général AFPAR (Association pour la Formation Professionnelle des Adultes Réunion). Ces autres bénéficiaires proviendront notamment d’un vivier de professionnels ayant quant à eux déjà un niveau plongée minimum.
Si leur formation s’axe forcément sur les besoins en coffrage et banchage sur les piles de la nouvelle route du Littoral, l’AFPAR – qui supervise cette formation inédite à la Réunion – imagine déjà que ces compétences acquises sur ce chantier pourront largement être valorisées sur d’autres projets. Celui, toujours à la Réunion, de Seawatt (via la force houlomotrice par exemple) ou encore des chantiers à l’international sur les plateformes offshore. « La mobilité » fait partie du contrat, répète Eric Fontaine.